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André Audebeau (Directeur général de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL)) « Une eau impayée, c'est une autre fuite sur le réseau »
La Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL) bouclera fin février sa première année de gestion des réseaux publics d'assainissement et d'eau potable au niveau de la capitale. Créée en partenariat avec le groupe français Suez Environnement, l'Algérienne des eaux (ADE) et l'Office national de l'assainissement (ONA), Seaal dispose encore de 3 ans, selon les clauses du contrat, pour parvenir à assurer la disponibilité quotidienne de l'eau potable aux habitants d'Alger. En prévision du bilan d'une année de présence en Algérie, qui sera rendu public prochainement en présence du premier responsable de l'entreprise mère, Suez Environnement, le directeur général de Seaal, André Audebeau, fait un état des lieux de la situation des ressources en eau à Alger. Comment la situation des ressources en eau à Alger se présente-t-elle actuellement ? La ville d'Alger est approvisionnée par deux sources d'eau : l'eau de surface, c'est-à-dire celle des barrages, et l'eau souterraine. Aujourd'hui, force est de constater que le taux de remplissage des barrages varie entre 50 et 55%, soit un taux inférieur aux statistiques des précédentes années. Il en est de même à l'ouest d'Alger où les nappes de la Mitidja, par le manque de pluviosité, ne se sont pas remplies comme précédemment. C'est la raison pour laquelle nous accusons un déficit d'eau, puisque les nappes sont descendues plus profondément. Le ministère des ressources en eau a décidé d'anticiper une période de sécheresse en optant pour la limitation des dotations d'eau dans le grand Alger. Actuellement, nous mettons dans le réseau 250 000 m3 d'eau en provenance des ressources de surface et 300 000 m3 d'eau en provenance de la Mitidja. C'est ce qui fait d'ailleurs que la Seaal a été contrainte de reprendre son programme de distribution depuis mi-novembre ,début décembre 2006. On est revenu à une distribution quotidienne entre 7h et 17h, selon les quartiers. Ainsi, les fuites d'eau sur le réseau sont limitées. Il faut dire à ce propos qu'après l'été prochain, de nouvelles ressources viendront renforcer l'approvisionnement en eau à Alger. Il s'agit de l'entrée en fonction de l'usine de dessalement d'eau de mer du Hamma qui apportera 200 000 m3/j, et d'un autre apport supplémentaire de200 000 m3/j qui proviendra, fin 2007, de l'eau transférée du barrage de Taksebt. Le problème des déperditions se pose-t-il toujours avec la même acuité qu'avant votre arrivée ? Le problème des fuites et des déperditions est un sujet auquel la Seaal s'est attelée dès les premiers jours de son arrivée. Aujourd'hui, nous sommes complètement équipés pour rechercher les fuites sur les canalisations dans l'Algérois. Les recherches sont orientées en fonction de l'ancienneté des canalisations. Nous faisons également de la recherche systématique de fuites. Le taux de déperdition est de combien ? Ce que je peux dire, c'est que nous avons réparé beaucoup de fuites, puisque avant que le plan de sécheresse soit mis en application, on arrivait à délivrer H24 le même volume d'eau à 300 000 habitants supplémentaire sur le grand Alger. Cela veut dire qu'il y avait plus de consommation avec le même volume d'eau. Néanmoins, la guerre contre les fuites doit être quotidienne et interminable. Les fuites arrivent de façon aléatoire et sont liées à la vétuste du réseau et à l'usure que celui-ci subit. Qu'en est-il du réseau d'assainissement ? Il est curieux de constater qu'à la fois, il manque de l'eau et quand il pleut il y a des inondations laissant penser qu'il y a un trop-plein d'eau. Ce trop-plein vient du fait que les réseaux d'assainissement sont encrassés. Là aussi, nous avons mis notre plan d'action et nous sommes déjà arrivé à quelques résultats. La rue Beziers, par exemple. Nous nous sommes également attaqué récemment à un notre quartier, celui de Tripoli, où nous avons dépêché deux équipements lourds de curage pour nettoyer des conduites qui étaient à 80% encrassées. -Etes-vous confrontés aux cas des redevances impayées ? Un quart des habitants d'Alger ne paye pas ses factures. Cela doit changer parce que si on ne paye pas les redevances, il n'y aura aucune raison de fermer les robinets d'eau. Or tous les habitants ont besoin d'eau. Et de l'eau qui n'est pas payée, c'est comme une fuite sur le réseau. Y a-t-il eu une évaluation des préjudice ? Non, parce qu'il faudrait que tous les compteurs marchent et qu'il n'y ait plus de facturation au forfait. Cela sera le cas dans deux ans. Nous avons encore deux ans de travail pour arriver à ce que tous les Algérois disposent de compteurs qui marchent et qu'il n'y ait pas de facturations forfaitaires. Parallèlement, ces derniers qui vont recevoir de l'eau régulièrement et de façon continue doivent savoir que le service doit être maintenant payé. Pensez-vous que l'eau est aujourd'hui facturée à son prix réel ? Le prix de l'eau est fixé par le ministère. La Seaal n'a rien à voir avec la fixation des tarifs de l'eau. Le ministre Sellal l'a dit, les prix de l'eau sont en dessous du prix de revient du service offert aux consommateurs. Maintenant c'est aux pouvoirs publics de fixer ces prix, et là-dessus je n'ai pas d'avis. Quelles seront les priorités de la Seaal sur les 4 années à venir ? Les priorités de l'eau, c'est d'arriver à une distribution H24 et nous disposons encore de 3 ans pour cela. La deuxième priorité, c'est qu'il n'y ait plus d'inondations pénalisantes dans Alger durant les périodes pluvieuses. En termes d'assainissement, l'eau usée doit également être épurée avant son rejet.