2007 est annoncée comme l'année de l'accession de l'Algérie à l'OMC par son négociateur en chef. 2006 avait été présentée déjà ainsi par El Hachemi Djâaboub, ministre du Commerce, qui est resté prudent cette fois. 2005 devait déjà être celle de l'accession à l'OMC. Pourquoi donc cela ne se fait toujours pas ? Un peu la volonté des deux parties. L'Algérie a couru après l'accord d'association avec l'union européenne comme après un trophée de reconnaissance politique. Il a été décrié par les opérateurs nationaux comme mal négocié, déséquilibré au profit des intérêts européens. Le recul – certes insuffisant – ne les dément pas. Les investissements directs en provenance de l'Europe communautaire n'ont pas décollé alors que les importations, aidées en cela à la fois par le programme de dépenses en Algérie que par le démantèlement tarifaire engagé, explosent. Le mot d'ordre en est devenu « ne pas faire n'importe quoi avec l'OMC ». Chérif Zaaf, directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce et négociateur en chef pour l'accession à l'OMC, ne dit rien d'autre lorsqu'il déclare que « les autorités refusent de prendre à la légère les engagements qu'elles doivent prendre au sein de l'OMC, et il y a des intérêts qu'il faut continuer à défendre ». La volonté des deux parties, car en face les grandes économies de l'OCDE ont corsé leurs exigences au fil des neuf rounds de négociations et des 1200 questions posées au candidat algérien. Les partenaires « mondiaux » de l'Algérie profitent de ce sas de passage de la négociation d'accession pour mettre le marché algérien à « la bonne norme » : pas de restrictions aux importations, pas de discrimination dans la liberté d'investir, pas de tolérance avec la contrefaçon, pas de protection tarifaire de la production nationale. Ce que M. Zaaf appelle des obstacles mineurs – « quelques volets liés aux normes, aux mesures sanitaires, aux licences d'importation et aux restrictions à l'importation » – apparaissent en fait comme le cœur même de la négociation. C'est ce qui se confirme clairement avec la sortie – aussi candide que spectaculaire – de Mina Mashayekhi, chef de la section des négociations commerciales à la Cnuced, présente la semaine dernière à Alger. Selon elle, « le statut de pays producteur - exportateur de pétrole ne facilite pas la conclusion rapide d'un accord pour l'accession de l'Algérie à l'OMC ». Les interlocuteurs de l'Algérie au sein de l'OMC attendent d'elle qu'elle rende effective l'ouverture de son aval pétrolier, en particulier son marché de distribution énergétique. Le cœur de la négociation ? L'Algérie a décidé sans le crier de faire de la fourniture d'énergie à prix domestique compétitif un avantage concurrentiel pour attirer des investissements industriels qui n'accourent pas de ce côté de la Méditerranée. L'OMC exigerait donc un prix intérieur de l'énergie aligné sur les cours mondiaux. Une base tarifaire unique pour tous les opérateurs. Autant dire qu'elle croque dans le pain bénit par lequel Alger veut alimenter sa croissance industrielle, maillon le plus faible de ses performances depuis cinq ans. L'accession à l'OMC en 2007 ? Une autre évolution risque bien de se dessiner si les exigences occidentales demeurent aussi peu compréhensives des besoins pour l'Algérie de développer son tissu industriel. Vladimir Poutine vient de jeter un pavé dans la mare en qualifiant d'intéressante l'idée d'une OPEP du gaz. Un prix haut de ses principales exportations garanti par un cartel de producteurs, voilà un domaine où l'Algérie est historiquement plus à l'aise que dans celui de la promesse d'un afflux d'investisseurs hypothétiques garanti par une déréglementation effrénée. La tentation n'est jamais loin.