Les Koubéens pouvaient autrefois s'enorgueillir de la splendeur de leur commune réputée par ses somptueuses constructions, ses espaces de culture et de distraction, mais aussi par sa propreté et ses artères savamment tracées. Tout autour, les habitants des cités et des quartiers populaires, en dépit de moyens modestes, parvenaient, tant bien que mal, à meubler agréablement leur temps. Présentement, la commune toute entière s'enlise dans la grisaille. Le quidam, qui arpente les différentes artères, demeure hébété devant un manque effarant d'entretien des voies et des accotements. « En pleine période d'embellie financière, on s'attendait à un branle-bas qui allait redonner à la ville son lustre d'antan. Avec la fuite des jours, on se rend compte que les élus locaux ne maîtrisent nullement la gestion de la commune. Ils excellent alors dans la frime et le paraître », tonne un retraité. A son tour, un professeur d'un centre de formation professionnelle atteste : « Les voies des quartiers situés non loin de la centrale téléphonique ont été revêtues car le maire habite aux alentours. Ces jours-ci, on s'obstine à effectuer des travaux de réfection des trottoirs de l'avenue Mohamed Fellah, pourtant ils ont été refaits il n'y a pas si longtemps. Les artères de Jolie vue, de l'Appreval et de Ben Omar, sont toutes défoncées et parsemées de nids- de-poule. » Les usagers, empruntant la rue des frères Abdeslami, ne dissimulent pas leur grogne : « Une artère si importante dans un tel état ! Allez à Vieux Kouba et vous constatez le pire ! », lance un prof de l'Ens. En arrivant à hauteur de l'ancienne cité Jolie vue, le même observateur est propulsé dans une réalité offrant un décor sombre, identique à celui de la cité El Bahia. En sus des sacs bourrés de gravats, des monticules d'immondices qui s'y accumulent ça et là en attendant le passage irrégulier des agents chargés de la collecte, le manque terrifiant des espaces verts ajoute sa note lugubre. Des jeunes chômeurs se constituent en groupes aux pieds des immeubles délabrés pour « tuer le temps ». Mais faute de structures socioéducatives, des lycéens et des collégiens s'accordent à dire qu'il n'y a aucune distraction. « Aujourd'hui, à l'APC, on délivre encore des documents de l'état civil après les avoir remplis au stylo au lieu de l'ordinateur. Une ville aussi charmante ne mérite pas un tel affront », remarque une éducatrice. Ce n'est pas la peine de trop vadrouiller pour déceler l'indifférence des élus. Le visiteur demeure hébété en parcourant quelques lotissements créés par l'APC dans d'anciennes fermes en 1993. Citons, entre autres, les fermes Capot, Mercadel, Pons. La désolation règne car aucun effort n'y a été consenti pour améliorer le cadre de vie. Les accès ne sont pas revêtus. Laissés à l'état de pistes, en hiver, ils se transforment en mares. « Ni les passants ni les automobilistes ne sont épargnés », explique un résidant. Néanmoins, le P/APC, selon des déclarations accordées à El Watan, a évoqué la réalisation d'une structure pour jeunes à Sainte-enfance.La réhabilitation du marché de Diar El Afia, la transformation de la salle Cirta (ex-Elite), en salle multifonctionnelle et l'aménagement d'une bibliothèque au sein de l'ancienne église. Que de promesses ! Les citoyens découvrent les effets ravageurs des marchands de rêves. Ils sont en désarroi, en voyant la réalisation du nouveau centre culturel implanté à l'Appreval s'éterniser dans un chantier et les travaux du boulevard inter-quartiers, à l'arrêt. Le quidam regagne le centre-ville, mais ne retrouve pas l'ambiance bon enfant qui, autrefois, égayait les lieux de rencontre.