La réponse qui vient immédiatement à l'esprit est de dire c'est parce qu'on a toujours besoin des banques, ce qui signifie en d'autres termes que si la banque n'avait pas existé, on l'aurait inventée. Cela veut dire aussi que les banques resteront toujours des banques, parce que tout simplement elles remplissent leur fonction. Le problème n'est pas de savoir si elles remplissent cette fonction bien ou mal, mais plutôt de savoir en quoi consiste la fonction des banques ? Cette interrogation devient aujourd'hui de plus en plus insistante devant les dérives constatées lors de l'examen des affaires rendues publiques. Dans les pays où la Bourse ne constitue pas encore un véhicule d'investissement attractif et fiable, les banques ont été l'instrument principal permettant aux particuliers d'investir en toute sécurité. Le revers de la médaille, dans certains pays, est que les banques sont devenues des " jouets " dans les mains de certains quidams qui leur soufflent le chaud et le froid en matière de politique d'octroi de prêts. Et c'est comme cela que les naufrages bancaires se produisent conduisant à des drames sociaux. Certains observateurs soutiennent que la déréglementation et les mutations technologiques ont contraint les banques à repenser la manière dont elles remplissent leurs fonctions et à envisager à terme l'émergence d'un nouveau type de banque. Cela est peut être valable ailleurs ou effectivement la donne a beaucoup changé pour les banques et particulièrement pour les banques de dépôts. Mais ces fonctions en elles-mêmes demeurent importantes et il est trop tôt dans notre contexte d'anticiper un mouvement conduisant à une transformation radicale de notre système bancaire. Les prémices sont peut être là mais l'environnement n'est pas prêt pour l'aventure. Quoiqu'il en soit, en l'état passé et actuel, qui dit banque, pense octroi de crédit sous toute ses formes avec tous les risques que cela comporte, sauf que cette distribution du crédit ne se fait pas en direction du premier venu qui en fait la demande au guichet ou dans les couloirs de l'enceinte, voir au café du coin, elle est forcément sélective et c'est normal parce que l'argent qui est prêté par elle ne lui appartient pas. Il lui a été confié par les petits et grands épargnants pour être géré au mieux et restituable à n'importe quel moment. La fonction d'intermédiation joue dans les deux sens, la banque reçoit d'un côté et donne de l'autre côté. L'activité bancaire est donc définie de façon plus large, non pas en termes d'offre-produits, mais en termes de fonctions. Le métier de la banque a certes évolué mais pas la fonction pour laquelle elle a été créée. Et c'est précisément ces fonctions qui font des banques des entités tout aussi puissantes que vulnérables au moindre choc. La réputation de la banque est essentielle à la fonction d'intermédiation qu'elle assure. Or il suffit d'une opération plus ou moins hasardeuse pour que cette réputation soit ternie. La banque doit être toujours liquide et solvable. Cela veut dire qu'elle doit en permanence garantir une couverture de son passif exigible à très court terme par son actif disponible dans les mêmes conditions. Il est inadmissible pour une banque que des épargnants se présentent au guichet sans pouvoir récupérer leurs avoirs. Si cette éventualité se réalise, c'est qu'il y a un sérieux problème. Le problème des banques, c'est forcément les dirigeants. Ces dirigeants doivent avoir une bonne connaissance des activités et doivent avoir la capacité et posséder les moyens de les contrôler. Les systèmes existants d'audit et d'autocontrôle peuvent s'avérer tout à fait inadéquats si l'éthique professionnelle n'est pas de mise. Tant que ces systèmes ne sont pas managés à toutes les étapes d'une manière explicite et transparente, une banque court de sérieux risques en s'engageant dans n'importe quelle opération. La gêne, c'est que ces risques seront transférés sur toute la clientèle et le reste du pays qui payera le prix fort. Finalement, une banque bien gérée restera toujours banque quelque soit les mutations et le degré de " pollution " de l'environnement dans lequel elle baigne. Et là, on tombe dans une autre problématique qui n'est pas prise au sérieux, ce qui laisse augurer de mauvaises perspectives.