La relation banque-client est au cœur de la revitalisation des banques. La modernisation et l'informatisation des systèmes de paiements et de règlements (paiement de masse, paiement de gros montants, livraison - règlement des titres), la redynamisation des services d'intérêt général (centrale des risques, centrale des impayés) ainsi que le renforcement de l'intermédiation bancaire dans le marché du crédit sont le support de cette revitalisation comme un organigramme est le support d'une stratégie. Au cœur de cette stratégie, la relation banque-entreprise apparaît nécessairement comme l'objectif final. Ces composantes constituent les objectifs intermédiaires du système bancaire qui doit s'industrialiser en termes d'organisation, de fonctionnement et de production pour permettre la naissance d'une véritable industrie bancaire en Algérie. Aucune critique n'a jamais été adressée à la forme juridique des banques et encore moins à leur encadrement législatif et réglementaire. Par contre, ce que tout le monde reproche aux banques, c'est la qualité de service, entendez par-là les longs délais de traitement des dossiers de crédit, les retards excessifs dans les circuits de paiement, l'absence d'agressivité commerciale, le mauvais accueil des clients, l'inexistence de l'ingénierie financière ou si l'on veut le conseil , etc. Tout n'est pas faux et tout n'est pas vrai non plus dans ce catalogue des griefs. S'est-on seulement un jour posé la question de savoir pourquoi nos banques, qui ont subi une réforme une première fois en 1990 et une deuxième fois en 2003, n'arrivent pas à travailler suivant les standards internationaux en termes de rapidité, de sécurité, d'innovation et de qualité de service ? La réponse n'est pas exclusivement du côté des banques, elle est aussi et pour beaucoup du côté de la sphère réelle et de l'administration de l'économie. Finalement, à quoi peut servir une réforme bancaire si le premier bénéficiaire de cette réforme ne perçoit aucun changement ? Réformer pour réformer est un non-sens. Mais que manque-t-il à cette réforme pour qu'elle prospère ? La réponse coule de source comme dirait l'autre. Il faut maintenant se focaliser sur la clientèle, c'est-à-dire la relation banque-entreprise. Si telle est la solution, est-ce que cette relation banque-entreprise va se décliner de la même manière dans une économie de marché que dans une économie d'endettement ? Tous les chantiers bancaires ouverts depuis ces dernières années ont pour finalité, à travers l'informatisation des systèmes de paiement et de règlement, la reconfiguration des systèmes d'informations des banques, d'améliorer cette relation et de la rendre transparente. L'effort entrepris par les pouvoirs publics serait plus méritoire et prospérerait mieux si chaque partie impliquée joue le rôle qui est le sien ( Etat, banque, client) pour parvenir à positionner cette relation dans ce vaste mouvement du développement économique du pays. Pour qualifier cette relation banque-client, le recours est souvent fait à la notion de partenariat, mais encore faudrait-il préciser les contours de ce concept, comme on peut situer ce lien dans la relation client-fournisseur qui est certainement une conception réductrice parce que le banquier n'est pas uniquement un fournisseur « de service » au sens où on l'entend généralement, il est plus que cela. En fait la relation banque-client est une relation complexe, non pas parce que la proximité des deux protagonistes est « conflictuelle » mais tout simplement parce que cette relation est établie ou construite à partir de plusieurs éléments qui ne se recoupent pas souvent. En effet, il est trivial de dire que l'activité bancaire couvre un domaine vaste. Les règles qui la gouvernent proviennent d'horizons divers : le droit civil, le droit commercial, le droit administratif, le droit pénal, le droit de la consommation... C'est ainsi qu'on retrouve dans le code civil les règles qui organisent le prêt, le dépôt d'argent, le paiement, les garanties, la responsabilité, dans le code du commerce, les règles qui régissent les commerçants, les actes de commerce, les moyens de paiement (chèque, carte bancaire, virement, prélèvement...), les instruments de crédit (effets de commerce, affacturage... ), le redressement judiciaire et la faillite, le nantissement etc., et on pourrait poursuivre cet exercice à travers les autres matières.... L'activité bancaire est ainsi régie par cette multitude de sources mais aussi de textes spécifiques propres à la profession. Il en est ainsi de la réglementation prudentielle des banques et des établissements financiers, du crédit, des moyens de paiements ou du dépôt de fonds qui reçoivent dans la législation bancaire une toute autre définition.Mis à part les conditions générales de banque et quelques exigences réglementaires particulières, aucun texte ne régit les opérations de banque. Chacune d'elles est modelée par la commune volonté des parties et soumises au droit commun des contrats. L'ordonnance sur la monnaie et le crédit se limite uniquement à énumérer ces opérations pour couvrir le monopole des banques. La relation banque- client naît et se développe donc dans un cadre légal et réglementaire qui n'est pas toujours propice aux affaires du point de vue des entreprises dans la mesure où le banquier est considéré le plus souvent beaucoup plus comme un parapluie que comme un parasol. Il est, cependant, une particularité qui n'est pas prise en considération par les analystes lorsqu'ils traitent de la relation banque-entreprise en Algérie, c'est que cette relation n'est jamais située dans son véritable contexte qui est celui d'une économie d'endettement. Dans une économie d'endettement comme la nôtre, le marché du crédit est essentiellement bancaire. Cela signifie qu'en dehors de l'autofinancement, les entreprises n'ont pas d'autres d'alternatives que le système bancaire pour satisfaire leur besoin de financement à court, moyen ou long termes. Dans cette configuration, une forme de relation banque-entreprise va nécessairement s'établir et imprimer des rapports plus ou moins équilibrés entre les deux sphères suivant la situation et la position des opérateurs.(A suivre)