Samedi matin à l'aube, un contrebandier, refusant d'obtempérer sur un barrage de contrôle à la sortie de Maghnia, a mortellement fauché un douanier dans l'exercice de ses fonctions. L'année dernière, une autre tunique grise a été inexorablement poignardée jusqu'à la mort par vengeance, comme l'avait déclaré, pendant son arrestation, l'auteur du crime dont la marchandise avait été saisie par des éléments de ce corps de sécurité économique. Quelques mois auparavant, près de la commune de Hammam Boughrara, un groupe de trafiquants a failli lyncher une brigade de douaniers déterminés à fouiller un bus. Sur le tronçon Maghnia-Tlemcen, les Hallaba (trafiquants de carburant) font leur loi, causent la mort. Et toutes les lois répressives imposées jusqu'ici par les pouvoirs publics n'ont pas réussi à leur faire changer d'avis. Ils continuent à appauvrir l'économie nationale et à tuer. Impunément. Le passavant instauré en 2005 et les barrages routiers réguliers des différents services de sécurité n'ont rien donné. On continue à convoyer énormément de drogue, à inonder le marché de produits de pacotille venant du pays chérifien… Et comme dans toute règle régissant « l'import-export », nos « investisseurs » n'arrêtent pas d'enrichir le royaume de nos meilleurs produits de première nécessité, d'une manière « illégalement légale. » Diantre, où est l'énigme ? C'est un secret de polichinelle : la frontière est étrangement une passoire aux grosses mailles. Cyniques, les contrebandiers l'avouent : « nous payons la route pour acheminer nos marchandises. Nous soudoyons des agents pour effectuer paisiblement notre business et tout le monde est au courant… » Et ceux qui refusent ce jeu se font tuer. Comme lors du règne d'Al Capone. Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…