Les premiers bouchons se forment dès 7 h à l'entrée de la Zhun de Aïn Naâdja, qui borde la mosquée Errahmane et la brigade de la Gendarmerie nationale. C'est le tout Alger des fonctionnaires utiles et périphérisés dans cette cité de banlieue qui se trouve ainsi bloqué au carrefour situé juste à proximité de la station de transport urbain. Des familles, plutôt fourmis que cigales, se trouvent ainsi coincées tous les jours aux heures de pointe et sombrent dans une inertie presque totale au-delà de cet horaire. Alors, toutes les smalas actives et mécanisées y vont de leur esprit de créativité pour se frayer un hypothétique chemin au milieu d'une circulation démentielle. Une situation marquée par un tonitruant tintamarre de klaxons et une circonstancielle kyrielle de noms d'oiseaux. Des files d'attente, à n'en plus finir, progressent tant bien que mal de part et d'autre du carrefour. Ce rond-point s'avère en définitive trop exigu pour canaliser les rotations incessantes des autobus privés et publics. A l'inverse des intersections du Château d'eau et du lieudit Karssa, le trafic n'est pas réglementé au rond-point de la cité de Aïn Naâdja. Donc seule une présence policière pourra atténuer le calvaire des riverains et venir à bout de cette anarchie à la limite du burlesque. Autre iniquité, le transporteur historique, en l'occurrence l'Etusa, - tout le monde se félicite au demeurant du retour des couleurs « ciel et blanc » dans cet environnement morose- est dépouillé de son emplacement initial à la gare routière. Une place qui doit lui revenir en principe de droit. Alors, c'est la mort dans l'âme que le « personnel de bord » a jeté son dévolu sur un accotement, au lieu et place d'un endroit à l'intérieur de la station. L'anarchie règne autour de la gare routière en raison de l'indisponibilité de préposés aux quais, comme il en existe partout ailleurs. Les bus des opérateurs privés assurant la ligne Aïn Naâdja-Bir Mourad Raïs font le plein de passagers en dehors de la station, juste à côté de la longue file de « clandestins ». D'aucuns s'interrogent alors sur l'utilité d'une gare de voyageurs inapte à première vue à canaliser le mouvement des minibus et le flux des usagers. L'autre tare, et pas des moindres : les bus de l'Onou ne sont guère mieux lotis. La portion d'assiette de terrain affectée aux véhicules de transport des étudiants ne dispose pas de commodités. Les potaches font le pied de grue en plein air à cause notamment de l'absence d'abribus. La situation est intenable surtout à l'approche de l'hiver. En conclusion, toutes ces discordances contribuent à favoriser un climat de tension au sein d'un ensemble d'habitations urbain qui continue de souffrir d'un manque criant de commodités primaires.