Des centaines de Subsahariens, qui élisaient domicile sur les berges de l'Oued Jorgi, se sont dispersés dans la périphérie de Maghnia. Brisant, par instinct de conservation, cet esprit communautariste qui faisaient leur force. Et même si, les temps ont changé, leur détermination de fouler le sol de Cervantes demeure entière. Qu'importent les lois européennes et la répression de certains pays de notre continent. Ils ont abandonné leurs cahutes, la mort dans l'âme, pour se réfugier dans les hameaux avoisinants et les quartiers populeux. C'est que, parmi ces diasporas, figurent des faussaires, des trafiquants…La gendarmerie a d'ailleurs démantelé un réseau criminel spécialisé dans la contrefaçon. C'est inquiétant. Mais, l'on ne peut voir dans chaque Africain clandestin un truand notoire. Abdoullay, le Camerounais, de son vrai nom, Max, l'air piteux, s'en défend « Nous comprenons l'inquiétude des autorités algériennes que nous respectons, nous remercions l'hospitalité des gens d'ici, mais nous ne sommes pas tous des bandits. La quasi majorité d'entre nous n'a qu'un seul but : atteindre l'enclave espagnole de Melilla. Nous ne sommes que de passage, nous sommes toujours dans notre continent. Au-delà des lois de chaque pays d'Afrique, nous sommes chez nous. Si je retourne chez moi, je risque d'être lynché pour avoir vendu les deux chèvres, les dix poules et l'âne de ma famille. Une transaction qui m'a aidé à compléter le billet du voyage… » La phrase d'Abdoullay reste en suspens. Une patrouille de gendarmes l'a fait déguerpir, tel un bolide. Sacré Max, jusqu'à quand il continuera à actionner ses sprints ? Avec cette cadence et cette vitesse, il pourrait parcourir Maghnia-Melilla en un temps record. Ce n'est pas une plaisanterie, mais juste le constat sur un « athlète » qui court, court… dans le mauvais sens…