Les attentats meurtriers qui ont ciblé, avant-hier, une patrouille de la brigade de Gendarmerie nationale sur la route de Takhoukht, ont plongé les localités d'Ath Yenni et des Ouacifs dans une ambiance de terreur de la décennie noire. Tizi Ouzou. De notre bureau Dans la journée d'hier, les différents services de sécurité étaient encore sur les lieux de l'attentat qui a entraîné la mort de sept gendarmes et blessé un huitième, appartenant tous à la brigade d'Ath Yenni. Les éléments de l'ANP ratissaient, quant à eux, dans la forêt de Takhoukht à la recherche des criminels qui paraissent avoir bien préparé leur coup. Sur la RN30, le flux de véhicules a considérablement diminué. Les rares transporteurs qui étaient de service, hier, circulaient à moitié vides. Les oiseaux semblent aussi avoir déserté cette forêt, tristement célèbre pour avoir connu de multiples attentats et faux barrages durant les années de braise ayant endeuillé l'Algérie. Une atmosphère lourde régnait sur les lieux de l'attentat. Tout au long du trajet séparant cet endroit du chef-lieu des Ath Yenni et à l'entame de chaque virage, le silence pesant donnait froid dans le dos. On pouvait à tout moment tomber nez à nez avec un groupe terroriste ou se retrouver sous une rafale de kalachnikov. Arrivé à Ath Yenni, le climat était tendu et les rues étaient quasi-désertes. Le siège de la brigade locale de la gendarmerie donnait l'impression d'un immeuble inhabité. Chez les habitants de cette région, la tendance était au silence et à la méfiance vis-à-vis de toute personne étrangère. Ces derniers semblent s'être donné le mot à ne rien déclarer à propos de cette embuscade qui eu lieu non loin de la zaouïa Cheikh L'hadj Belkacem. Attablé dans une cafétéria, un groupe de jeunes s'est refusé à tout commentaire, préférant adopter une attitude d'indifférence qui cachait très mal le sentiment d'inquiétude et de désarroi qui se sont emparés des habitants de la région. La crainte d'une recrudescence des attentats terroristes et des faux barrages sur la route de Takhoukht était visible sur tous les visages. Les bombardements, qui ont lieu durant toute la nuit et la journée qui ont suivi l'attentat de dimanche dernier, ont sérieusement perturbé le rythme de vie des habitants d'Ath Yenni. Selon un enseignant, hier matin, les élèves d'une école primaire ont été renvoyés chez eux à cause de la peur engendrée par le bruit des bombes lâchées par les hélicoptères de l'ANP. « Les élèves ont eu tellement peur qu'ils ne se sont pas arrêtés de pleurer au milieu du cours », dira-t-il inquiet. Le décès par arrêt cardiaque d'une vieille femme au village des Ath Larbaâ a été attribué à ces violents bombardements. Outre le sentiment d'incertitude provoqué au sein de la population locale, l'attentat d'avant-hier risque surtout de donner un coup fatal à l'activité touristique dans la région. Les artisans d'Ath Yenni qui ont commencé à reprendre espoir, ces dernières années, sont les premiers à être affectés par une violence terroriste qui les a asphyxiés pendant près de quinze ans. A la fin de la journée d'hier, au niveau des stations de transports inter-daïras, desservant les Ouacifs et Ath Yenni, les voyageurs se renseignaient avant de monter à bord des taxis.