Le directeur général de Wataniya Telecoms Algérie, André Halley, se dit " heureux " de la décision de vendre 51% des parts de Wataniya International à Qatar Telecoms. Il expose, dans cet entretien, les enjeux et la portée de cette transaction. Pour quelles raisons le groupe Kipco a-t-il décidé de vendre des parts d'El Wataniya ? Il est vrai qu'en Algérie il n'est pas courant de voir des sociétés changer d'actionnaire. Kipco est d'abord et avant tout une société d'investissements qui a pour métier de faire fructifier l'argent. Son rôle consiste à investir puis vendre au moment opportun et au prix fort. C'est une société constituée essentiellement de banquiers et de commerciaux. D'ailleurs, si vous observez son historique, vous verrez qu'elle connaît une croissance fulgurante pour la simple raison qu'elle sait ce qu'il faut acheter, quand il faut l'acheter et quand le vendre. Cette société a pénétré le monde des télécommunications en achetant une première licence de téléphonie au Koweït. En un temps record, ils ont obtenu 25% du marché. Ils ont eu des succès financiers intéressants. Forts de cette expérience, ils ont pu acheter des participations à Tunisiana (qu'ils partagent avec le groupe Orascom), en Irak et en Arabie Saoudite. Ils ont également obtenu des licences de téléphonie en Algérie, aux Maldives et récemment en Palestine. Au total, ils ont crée un groupe de 12 millions d'abonnés. Kipco a réussi à créer de la valeur avec un réseau de sociétés qui ne cessent de s'agrandir. Et comme tous bons investisseurs, ils savent quand et comment sortir. Car, au fond, ce ne sont pas des gens du métier des télécoms. Ce ne sont pas des gens qui vivent et respirent des télécoms comme Vodaphone ou France télécoms…Kipco est juste un groupe d'investisseurs qui a mis de l'argent, a agrandi l'entreprise puis l'a revendue. L'acheteur, Qatar télécoms (Qtel), est, lui, un grand groupe de télécommunication qui a pour ambition de devenir l'un des vingt plus grand opérateur téléphonique au monde ! C'est un groupe qui a les moyens de réaliser ses aspirations car il appartient à l'Etat qatari. Nous sommes très heureux de cette décision. Dorénavant, j'aurai affaire avec des gens du métier qui vont nous accompagner dans notre croissance et dans nos défis. Nedjma va grandir avec eux (..) Dans cette entreprise où il y a des expatriés, nous avons formé des cadres algériens, Mon rêve serait de les envoyer vers l'étranger pour monter d'autres opérations… Qu'en est-il de la distribution des parts de Nedjma ? Kipco a décidé de vendre le bloc de 51% des actions de Wataniya Koweït qui s'appelle National Mobile Telecommunication Company (NMTC). C'est une compagnie cotée à la bourse du Koweït. Le groupe Kipco en était actionnaire direct et indirect. Etant désormais propriétaire à 51% de Wataniya International, Qtel devient actionnaire à 71% de Wataniya Algérie. A cela s'ajoutent les 9% d'United Gulf Bank (une banque qui dépend de Kipco) et qui a été vendue directement à Qtel. Au total, l'opérateur qatari détient 80% de Wataniya Algérie. Le restant appartient à Investel, une société d'investissement. Mais selon la réglementation, Wataniya Telecoms Kuwait reste notre opérateur de référence. Il semblait qu'Orascom était bien partie pour racheter des parts de Wataniya, que s'est-il passé ? Je démens formellement une rumeur qui a été lancée pour des raisons que je ne qualifierai pas. Ce sont de fausses informations destinées à nous déstabiliser. Orascom n'a jamais soumissionné pour l'achat des parts de Wataniya. Dans la mesure où Orascom est en litige avec Wataniya sur Tunisiana, je vois très mal le groupe Kipco s'asseoir à la table de négociations avec les Sawiris. Quelles sont les répercussions de cette transaction sur les filiales de Wataniya, notamment Nedjma ? Notre actionnaire principal est toujours koweïtien même si Qtel va contrôler directement et indirectement 80% de Nedjma. Il y aura des répercussions à long terme positives dans le sens où nous travaillerons avec des gens bien informés sur les télécoms. Mais dans l'immédiat, il n'y a pas de changement mis à part que le conseil d'administration sera recomposé dans l'année qui vient. Les directions à prendre viendront toujours de Wataniya. Il faut savoir que c'est la première entrée de Qatar télécoms à l'international de façon aussi fracassante. Ils ont déjà des participations. Dans le sultanat d'Oman et 25% dans Asia Mobile holding (propriétaire de deux sociétés l'une Starhub au Singapour et l'autre Indasat en Indonésie). Et ils ont encore de grandes ambitions… Avez-vous une idée sur les projections de Qtel et sur son futur plan d'investissement ? Je crois que c'est encore prématuré. Pour l'heure, nous leur avons uniquement présenté nos bilans et notre politique. Ils semblent adhérer à la stratégie que nous avons tracée. Aujourd'hui, Wataniya rentre dans une phase de profitabilité. Rien n'empêche Qtel d'inviter d'autres actionnaires à s'y joindre.
