Maintenant que Wataniya est passée sous la coupe de Qatar Telecom, une nouvelle ère commence pour l'opérateur téléphonique Nedjma. Retour sur l'une des importantes transactions financières du Moyen-Orient. Le scénario avait été écrit bien à l'avance par le groupe d'investissement koweïitien Kipco. Il s'agissait de créer une société de télécommunications, de l'agrandir, de lui donner de la valeur puis de la revendre. Créée en décembre 1999, l'entreprise National Mobile Telecommunication Company (NMTC), plus connue sous le nom de Wataniya Telecom, est devenue en sept ans un véritable géant régional avec des participations au Koweït, en Irak (Iraq Asia Cell), en Tunisie (Tunisiana) aux Maldives (Maldives Wataniya Telecom -100%), en Arabie Saoudite (Bravo) en Palestine et en Algérie. En décidant de lui vendre la majorité des parts d'El Wataniya (51%), Kipco offre à Qatar Telecom une formidable entrée dans le marché international avec plus de 12 millions d'abonnés. Les Qataris en auront eu pour leur argent, eux qui aspirent à faire de Qtel l'une des vingt plus grandes entreprises de télécommunication à l'horizon 2020. Alors qu'ils ont déjà des participations dans les télécommunications au sultanat d'Oman et 25% dans Asia Mobile holding (propriétaire de deux sociétés l'une Starhub au Singapour et l'autre Indasat en Indonésie), ils accèdent directement aux marchés de sept autres pays. En vertu de l'accord scellé la semaine dernière, Qtel procédera à l'achat auprès du groupe Kipco et d'autres parties concernées par cet accord d'un total de 233.6 millions d'actions de Wataniya, représentant 51% du capital de l'entreprise. Le montant de cette transaction est estimé à 3.7 milliards de dollars (1.1 milliard de dinars koweïtiens) que l'opérateur Qtel financera en fonds propres et grâce à un montage financier. Constituée de capitaux publics qataris, l'entreprise Qatar Telecom jouit d'une bonne santé financière. Cependant, mis à part les grandes ambitions qu'affiche Qtel, l'on n'a pas une idée précise sur son business plan et sur les modifications qu'elle compte opérer sur El Wataniya. Au cours des négociations avec le groupe Kipco, cette question n'a pas été évoquée. Pour les banquiers de ce groupe d'investissent, et comme nous l'a expliqué le directeur de Wataniya Algérie, " seul l'argent compte ". De ce côté, le groupe Kipco a su tirer son épingle du jeu, les Qataris ayant payé les actions de Wataniya 50% plus cher que leur valeur en bourse. S'il était déjà connu que les Koweïtiens étaient des champions des questions financières et de la bourse, le groupe Kipco vient de nous en livrer un formidable exemple. Le patron de Qatar Telecom, Cheikh Abdullah Bin Mohamed Bin Saoud Al Thani a estimé que " cet accord est sans aucun doute le plus significatif dans la région et va totalement transformer le paysage des télécommunications mobiles (…) les marchés que nous investissons nous sont culturellement familiers ". Sur le marché algérien, Wataniya Telecom Algérie était constituée de participations de Kipco à 71%, United Gulf Bank à 9% et le groupe Investel à 20%. En devenant l'actionnaire principal de Wataniya, Qtel prend directement les 71% de Kipco. Dans la mesure où United Gulf Bank qui dépend elle aussi de Kipco, a choisi de vendre ses participations (les 9%) aux Qataris, Qtel contrôle 80% de Nedjma. André Halley, le directeur de Wataniya Algérie, ne cache pas sa satisfaction. Il se réjouit du fait que son entreprise passe désormais sous la coupe d'une société spécialisée dans les Telecom. L'autorité de régulation rassurée " Avant, Nedjma appartenait à un groupe de banquiers et de commerciaux, elle est désormais sous la tutelle d'une entreprise de télécommunications. Nous sommes très heureux de cette décision d'autant que nous savons que Qtel a une véritable vision dans le domaine des Telecom ", indique M. Halley. Le fait que Nedjma passe désormais sous la tutelle de Qtel n'a, semble-t-il, pas posé de problème à l'Autorité de régulation de poste et de télécommunications (ARPT). Le patron de Nedjma nous dit à ce propos qu'il a été convoqué par l'ARPT, laquelle a été, selon lui, immédiatement rassurée après l'exposition de la nouvelle situation de Nedjma. " L'opérateur de référence de Nedjma reste toujours Wataniya, il n'y a donc aucun changement ", explique M. Halley, ajoutant que " Nedjma est toujours koweïtienne, elle appartient à une entreprise koweïtienne qui, elle, appartient à des Qataris ". Le patron de Nedjma est très confiant quant à l'avenir de son entreprise. " Les dirigeants de Qtel ont acheté une succes story, ils ne peuvent la briser. Le seul changement qu'il peut y avoir c'est que Nedjma va s'améliorer ", estime-t-il. Pour lui, Wataniya Algérie est appelée à grandir dans les prochaines années. " Le marché algérien est en pleine croissance. Il y a peut être 20 millions qui ont été vendues sur le marché algérien mais il y a tout au plus 12 millions d'utilisateurs. Il ne faut pas oublier la masse de nouveaux citoyens qui vont sortir des écoles, cette une nouvelle vague d'usagers qui arrive sur le marché. Nedjma avance bien, nous dépassons même les obligations du cahier de charges ", affirme M. Halley, enthousiaste. Il se réjouit également que " les Qataris sont très avancés dans le domaine des télécommunications ". Dans une pique à son concurrent direct, M. Halley assène : " Nous avons beaucoup investi, l'ARPT devrait nous aider à survivre les premières années à armes égales. Cette autorité doit rester vigilante ". Le patron de Nedjma se dit également étonné de la rumeur selon laquelle Orascom était prête à racheter Wataniya, qui est d'autant plus invraisemblable d'après lui que les deux opérateurs se livrent une guerre sans merci pour le contrôle de Tunisiana (dont ils partagent les participations à 50-50). En tout cas, une chose est sûre : l'arrivée de Qtel sur le marché algérien n'apaisera en rien la féroce concurrence entre les deux rivaux Djezzy et Nedjma. L'une des plus grandes entreprises qataries Qatar Telecoms (Qtel) est parmi les plus grandes entreprises qataries. C'est une entreprise publique ayant plus de 1900 employés. Elle est cotée à la Bourse de Doha depuis 1998. Elle est également cotée à la Bourse de Londres depuis 1999, à la Bourse de Bahreïn et à la Bourse d'Abou Dhabi depuis 2002. Elle offre des services GSM, de téléphonie fixe, d'Internet et de télévision câblée. Elle détient des participations dans les télécommunications au Sultanat d'Oman ainsi que 25% dans Asia Mobile holding (propriétaire de deux sociétés l'une Starhub au Singapour et l'autre Indasat en Indonésie). L'entreprise qatarie envisage rien de moins que de devenir l'une des plus grandes entreprises de télécommunications au monde.