L'Institut national de formation en informatique (INI) vit une véritable hémorragie en perdant 90% de ses étudiants en cours de cursus. C'est ce qu'a révélé hier Mme Habiba Derias, directrice générale de l'INI, lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Cette fuite de matière grise en phase de formation s'effectue, note-t-elle, en général vers l'Europe et le Canada. Néanmoins, concède la DG de l'INI, une grande majorité de ces étudiants, essentiellement ceux qui choisissent le vieux continent pour destination, revient au pays après une année d'essai. « La principale raison en est la sévérité des critères de sélection qu'imposent les firmes et les écoles européennes », explique Mme Derias avant d'ajouter que « ceux qui partent vers le Canada s'y installent sans pour autant pouvoir exercer dans leur domaine de formation » « De retour au pays, ces étudiants veulent reprendre leur formation supérieure, alors l'institut est contraint de procéder à une réévaluation », précise l'invitée du forum. En dressant un tableau aussi peu flatteur, l'intervenante n'a pas manqué d'imputer cet état de fait à « l'absence d'une stratégie nationale de développement de l'informatique ». La DG de l'INI, qui fait d'une stratégie de l'informatique une priorité nationale, constate que l'Algérie reste un pays consommateur plus que créateur de logiciels. Par ces déclarations, Mme Derias rejoint les avis des multinationales du software commerçant en Algérie qui ne cessent de déplorer l'insuffisance en nombre et en qualité de développeurs locaux de logiciels. Au-delà de l'acquisition d'un logiciel, la DG de l'INI pose le débat en termes de « gain de productivité » pour l'entreprise algérienne. L'animatrice du forum qui considère l'informatique comme un élément fondamental de l'économie appelle à la jonction entre le monde de la recherche scientifique et celui de l'entreprise. « Cette jonction permettra, considère Mme Derias, de garantir aux entreprises des logiciels rentables à des coûts compétitifs, mais également de donner corps aux projets de recherche scientifique menés en laboratoire. » Tout en saluant l'initiative d'inclure la thématique du développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) lors des assises nationales de l'industrie, Mme Derias regrette le manque « d'actions concrètes ». Un constat découlant, selon la directrice générale, de « l'absence de coordination entre les responsables du secteur ». La conférencière soulève également la problématique de l'inadéquation entre les connaissances dispensées au sein des instituts algériens et les besoins du marché. Ce à quoi elle préconise de réadapter le cursus de formation universitaire. Il est utile de préciser, enfin, que le pays compte 11 instituts de formation spécialisés en informatique.