C'est à la bibliothèque « Paroles et écritures » que Saddek El Kebir, écrivain conteur, a clôturé sa tournée Belabesienne, dans le cadre de la caravane du livre, qui, espère-t-il, durera jusqu'en 2017. La caravane du livre s'est fixée comme objectif de sillonner toutes les localités du pays, c'est un vrai challenge ? C'est important d'aller vers les jeunes, de leur donner cette envie de lire et de découvrir des auteurs différents. A Bel Abbès, il y'a beaucoup de jardins publics mais je n'ai vu personne tenir un livre. En une dizaine de jours, vous avez visité une vingtaine d'écoles et de lycées à Sidi Bel Abbès-ville et dans les localités environnantes. Comment les choses se sont-elles déroulées ? L'organisation est un grand problème. Parce que, quelque part, c'est aussi une question de culture. On vous pousse continuellement à improviser alors que ce n'est plus possible aujourd'hui. Nous ne sommes pas encore arrivés à réaliser correctement un plan de travail car il y'a toujours un alibi pour laisser les choses au dernier jour. Si c'était mieux organisé à Sidi Bel Abbès on aurait pu toucher plus d'écoles. Quelle était la réaction des écoliers et lycéens ? Pour eux, c'est une grande découverte et ce sont eux finalement mon énergie. C'est grâce à eux que je puise toute la force qui me permet de sillonner autant de régions. Malheureusement, nous sommes dans une situation où nous ne prenons pas convenablement nos enfants en charge. Nous ne respectons pas leur imaginaire, leur monde espace, leur monde à eux. Plus grave, nous ne faisons rien pour cela. Concernant la pratique même de la lecture quel constat vous faites ? Les lycéens qui ont aujourd'hui 17 ou 18 ans, sont les enfants de parents qui n'ont pas lu. Nous sommes à une deuxième génération de non lecture. S'ils ne se mettent pas à lire de manière régulière et intelligente nous aurons un résultat semblable. Un homme cultivé et un homme qu'on peut faire occuper mais qu'on ne peut pas assujettir. Sur le plan pratique, que faut-il pour capter l'attention des lecteurs ? Si avec l'éducation nationale nous arrivons à présenter un auteur par mois, ça serait magnifique. Un auteur qui arrive dans un établissement du secondaire et rencontre des lycéens, leur parle en toute franchise, dans un style simple, de son œuvre, est-ce trop demander ? Il faut aimer les jeunes. Car ce que j'ai constaté c'est qu'ils veulent que toute œuvre s'éternise.