Mémoire blessée. Algérie, 1957 de Mohamed Sahnoun, aux éditions Presses de la Renaissance, est un témoignage romancé sur l'importance du « devoir d'humanité ». C'est le « récit bouleversant de la souffrance indescriptible et gratuite infligée par des hommes à leurs semblables », précise l'éditeur. Mémoire blessée est aussi le témoignage d'« une belle et courageuse solidarité humaine, un hymne à cette responsabilité individuelle de protéger », ajoute-t-il. Paris : De notre bureau Salem, jeune militant pour l'indépendance, mû par des idéaux de justice et de générosité, est arrêté avec son camarade Mahmoud pendant la bataille d'Alger. Enfermés à la Villa Blanche, ils subissent supplice et humiliation. Ils trouvent pourtant un magnifique soutien de la part d'hommes et de femmes de différentes origines, des civils, des religieux et des militaires, qui courront le risque de les protéger et de les héberger, en Algérie et en France. « Ces liens entre l'Algérie et la France nous interpellent pour une coopération étroite en exorcisant le passé. Se dire certaines vérités du passé aide à guérir du passé, regarder le passé avec sérénité », souligne Mohamed Sahnoun lors d'une récente rencontre à Paris avec la presse pour la présentation de son livre. « Dans l'environnement où nous vivons aujourd'hui, face aux cycles haine et violence, la reconnaissance guérit une blessure de l'histoire », ajoute-t-il. L'auteur rapporte ses conversations avec Franz Fanon. Au moment où celui-ci avait reçu la préface de Jean-Paul Sartre pour Les damnés de la terre, il était sur son lit de mort. Le livre retrace un épisode douloureux de la guerre d'indépendance de l'Algérie, la Bataille d'Alger. L'auteur évoque « la question », il la rappelle au vu de ce qui se passe dans le monde. Ce récit se veut, selon son auteur, « une interpellation de ce qui se passe aujourd'hui dans les zones de conflit. Un appel pour plus de responsabilité protégée. » Il souligne « l'importance de gestes humains qui ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent ». « En tant que médiateur de l'ONU dans certaines parties de l'Afrique, j'ai vu ces gestes de solidarité », indique Mohamed Sahnoun, qui constate la faillite de beaucoup de dirigeants dans ce domaine. « Plus on laisse les conflits se perpétuer, plus les blessures sont difficiles à guérir ». Dans le travail qu'il y a à faire sur la consolidation de la paix, le rôle de la société civile est déterminant, estime Mohamed Sahnoun. « L'insécurité et la misère sont des problèmes fondamentaux, ils se transforment en guerres civiles, en conflits ». « Si on veut la paix, il faut savoir être solidaire avec l'humanité. Les traités ne suffisent pas. » Diplomate international de haut rang, Mohamed Sahnoun a été ambassadeur d'Algérie. En qualité de conseiller du secrétaire général de l'ONU, Kofi Anan, il a été envoyé spécial lors de plusieurs crises en Afrique. Mohamed Sahnoun a également été sous-secrétaire général de l'OUA et de la Ligue arabe, conseiller du directeur général de l'Unesco pour la culture de la paix, membre de la commission mondiale sur l'environnement et le développement et co-président de la commission sur l'intervention et la souveraineté qui a produit le rapport sur « la responsabilité de protéger » - concept dont il est à l'origine. Il préside actuellement l'association internationale Initiatives et changement, succédant à Cornelio Sommaruga qui a préfacé ce livre.