A l'initiative de la fondation Mémoire de la Wilaya historique IV, présidée par Youssef Hassen Khatib, Chronique des années de gloire de Mohamed Saïki Ben Ali vient de paraître aux éditions Dar El Gharb. Présenté à la presse, hier, au Club du moudjahid (Alger), le livre-témoignage de cet ancien capitaine vise à rétablir la véracité de certains faits. « Depuis l'indépendance, les autorités nous ont interdit de citer des noms dans l'écriture de l'histoire. C'est pour cette raison que nous n'avons pas pu apporter des témoignages », s'explique M. Saïki. L'environnement favorable de ces dernières années, où les langues commencent à se délier, lui a permis de revenir avec force détails sur des noms et des événements. Reconnaissant avoir combattu les Messalistes et les Belhadjistes, il relate, par ailleurs, sa participation à « l'épuration de certains secteurs où pullulaient les traîtres et les mercenaires à la solde de l'ennemi ». De longs passages de son livre sont consacrés à ces derniers, ou « le réseau de la bleuite », des indicateurs tout de bleu vêtus. Selon l'auteur, le colonel Ali Mellah, dit si Chérif, a été assassiné par Chérif Bensaïdi, recruté au sein de l'ALN en raison de sa participation à la guerre d'Indochine. « Simple sous-offcier de l'armée française, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie de l'ALN et fut promu au poste de chef militaire de la zone, adjoint à Ahmed Erroudji. C'est en cette qualité qu'il commit ses forfaits les plus vils et tissa la trame des complots qu'il ourdit contre ses compagnons d'armes », atteste-t-il. Dans son ouvrage, aux relents polémistes, M. Saïki égratigne Rabah Zerari, dit commandant Azzedine. Arrêté le 17 novembre 1958, celui-ci a, dans une déclaration diffusée par Radio Alger, proclamé que « la poursuite de la lutte n'a plus aucun sens et entretient en Algérie de grandes souffrances inutiles ». « Un « deal » aurait-il été conclu avant ou lors de la capture ? On ne peut que conjecturer... Azzedine fut autorisé à « remonter » au maquis, prétendument pour convaincre les moudjahidine des vertus de la paix des braves (...). Ne pouvait-il pas, dès qu'il fut relâché la première fois, regagner son poste de combat ?... », s'interroge-t-il. Dans un entretien paru dans El Watan, le 19 mai 2004, M. Zerari a répliqué en précisant qu'« en situation de guerre, le premier devoir d'un prisonnier est de s'évader afin de rejoindre son unité et de reprendre le combat ». C'est dans le souci de « tromper l'ennemi » qu'il a lu publiquement la déclaration du 30 novembre 1958, a-t-il également écrit dans son livre On nous appelait des fellagas, citant à l'appui la déclaration du colonel Si M'hamed, parue dans El Moudjahid du 25 février 1959 : « Dès son retour au sein de l'ALN, le commandant Azzedine reprit sa place à la tête des unités malgré ses 13 blessures. » Aussi, l'ouvrage de M. Saïki relate l'affaire de l'exécution de Tayeb Djoghlali par ses adjoints chefs de la zone 6, et celle dite « de l'Elysée ». Selon Mohamed Mechati, ancien membre du Groupe des 21, chacun doit « apporter sa pierre dans l'écriture de l'histoire », alors que Hadj Benalla a déclaré : « Le récit est propre et honnête. » La fondation Mémoire de la Wilaya IV a recueilli durant ces quatre dernières années environ 1000 témoignages de moudjahidine, dont elle espère la publication. « Les responsables de ce pays ne sont pas intéressés par l'écriture de l'histoire », a affirmé son président.