Récit n Ce livre écrit par Assia Sadoun Chaïb-Draa et paru aux éditions Alpha, est le récit d'une petite fille -l'auteur- qui se souvient d'un père valeureux à qui elle veut rendre hommage. Il se raconte comme une histoire, celle d'un centre de primatologie - il se situe à l'ouest d'Alger à Sidi Fredj - qui, durant la guerre de libération nationale, était transformé en un lieu de détention et de torture de l'armée coloniale française. Un lieu où le père de l'auteur, Assia Sadoun, y était incarcéré et torturé. Le récit, historique et émouvant, livre avec précision des témoignages en forme de souvenirs, des résurgences d'un passé lointain qui continuaient, plus tard, à la poursuivre et à la hanter. Il raconte un endroit oublié dans la foulée des nombreux témoignages sur les exactions perpétrées par l'armée coloniale. Un endroit où l'on procédait à la torture. Le livre est aussi l'histoire d'une petite fille -l'auteur avait huit ans- qui a vécu la Révolution de novembre. Outre les tortures de son père que l'auteur rapporte, Assia Sadoun raconte tout ce qui a trait au colonialisme, à savoir la discrimination à l'école, les inégalités et injustices sociales, aussi bien les abus que les prétentions du régime colonial comme les humiliations et les exactions de tout un peuple. En somme, elle raconte le poids et les excès de la guerre. Elle raconte une vie encerclée, une innocence violée et une enfance spoliée, ainsi que des rêves pulvérisés. Elle raconte une vie, notamment celle d'un enfant, dévastée par la guerre et la folie. Assia Sadoun rapporte dans son récit ses propres malheurs comme ceux de tous les Algériens notamment ceux qui ont subi dans leur chair la torture des militaires français, en raison de leur soutien ou de leur militantisme pour la cause algérienne, pour l'indépendance et le droit à la liberté. La Singerie de Sidi Fredj, écrit dans un style juste, simple, ramassé et succinct et dans un langage, parfois, d'enfant, est un récit autobiographique. Il raconte, en résumé, la guerre de libération nationale, et cela à travers le regard innocent, vrai et pudique de Assia Sadoun qui, à l'époque, n'avait que huit ans. Le livre est un récit historique, authentique et pédagogique. Authentique, parce qu'il est vrai et sincère. Pédagogique, parce qu'il rend compte, par devoir de mémoire, d'une histoire, celle de la torture pratiquée par l'armée française sur les militants pour la cause algérienne. Il a été écrit dans ce sens, à savoir dire et rapporter un pan de notre histoire, méconnu jusqu'à présent, dans un esprit de partage. Il a été écrit pour lancer un cri contre l'oubli. C'est pour ne pas oublier en effet notre passé et surtout les souffrances et les sacrifices de ceux qui ont lutté pour l'Indépendance de l'Algérie. Il est à noter que la singerie de Sidi Fredj, ce lieu chargé d'histoires, de hurlements et d'émotions, est occupé actuellement par l'Institut Pasteur, non loin du village africain à Sidi Fredj. l La Singerie de Sidi Fredj figure dans la collection consacrée à la mémoire et à l'histoire de l'Algérie moderne. Cette collection a été élaborée par les éditions Alpha. Car «le livre d'histoire fait partie de nos priorités, car nous avons besoin de livres d'histoire surtout ceux qui concernent le mouvement national et la guerre d'Indépendance», dira l'éditeur, Lazhari Labter pour qui il est indispensable de consigner l'histoire de l'Algérie. «Il faut laisser un souvenir, une mémoire aux générations futures», dira-t-il. Il a, ensuite, souligné, l'importance de faire connaître l'histoire de l'Algérie, une part de nous-même, aux lecteurs, notamment à la jeune génération qui, selon Lazhari Labter, doit être fière du passé de l'Algérie et doit aussi avoir connaissance du prix payé par nos martyrs et nos moudjahidine pour libérer le pays du joug colonial.