En dépit d'une effervescence sans précédent qui marque depuis une année le secteur de la santé à Constantine, le directeur de la santé et de la population de la wilaya s'est montré trop optimiste lors du forum de la radio locale, diffusé samedi dernier. Le Dr Nacer Dameche n'a pas voulu revenir sur la crise qui secoue toujours la maternité du CHU de la ville depuis plusieurs jours, suite à la condamnation à un an de prison avec sursis du chef de service. Ce dernier ayant réagi en déposant un congé de maladie, le lendemain du procès, laissera un service dans le chaos. Le marasme qui ronge la profession médicale est désormais plus profond. Après les scandales à répétition qui ont eu pour théâtre l'EHS psychiatrique de Djebel Ouahch, suivis par le drame des circoncis d'El Khroub, puis celui des brûlés d'Oum El Bouaghi, de nombreux cas de négligence ont été signalés à différents niveaux, mais sont restés dans l'impunité totale. Un constat reflétant une anarchie qui dure dans le temps, et que le conseil de l'ordre des médecins vient de dénoncer lors d'une récente rencontre où il a été question du non-respect par les praticiens eux-mêmes du décret exécutif N°92/276 du 06 juillet 1992, plus connu par le code de déontologie médicale. Une loi qui n'a pas trouvé d'application depuis sa promulgation en 1992. Si les efforts consentis par l'Etat en matière d'infrastructures sont louables, la qualité des services demeure déplorable. « Notre but est de mettre en adéquation les exigences des citoyens avec les énormes moyens mis en place », affirme le directeur de la DSP qui rappelle que pas moins de 11 millions d'actes médicaux ont été accomplis dans toutes les structures sanitaires durant l'année 2006, ce qui explique la forte demande exprimée par une population qui vient aussi de toutes les wilayas de l'est algérien. Le problème de recrutement et de la disponibilité des postes budgétaires, abordé par le Dr Dameche, demeure un véritable casse-tête pour la direction de la santé. Malgré des chiffres éloquents avancés pour la wilaya de Constantine, à l'exemple d'un médecin (toutes catégories confondues) pour 458 citoyens, un dentiste pour 1121 habitants et un pharmacien pour 3103 âmes, la réalité présente des disparités énormes entre le chef-lieu de wilaya et les autres communes. Face à des besoins qui s'expriment suivant une courbe ascendante, la wilaya bénéficie au plus de 120 postes budgétaires accordés par le ministère de tutelle par année. Le recours à l'embauche par la voie du pré-emploi a permis de couvrir 150 postes, toutes formations confondues, ce qui est toujours insuffisant. Sur le chapitre des projets, la DSP semble investir surtout dans la réhabilitation des centres de soins dans les quartiers dépourvus et les localités éloignées des communes rurales. Le programme de remise à niveau ciblera 44 salles de soins en état de dégradation, dont les travaux ont déjà été entamés pour une douzaine. Pour la DSP de la wilaya de Constantine, l'année 2007 sera celle d'une remise à niveau de tout le secteur de la santé, à travers la réduction des évacuations médicales des autres wilayas de l'ordre de 70 %, avec une révision des affectations des spécialistes au profit des centres de soins éloignés. Ceci en attendant l'acquisition de nouveaux équipements médicaux et le renforcement des structures avec le transfert très attendu de l'hôpital militaire de Didouche Mourad au courant du deuxième trimestre de cette année.