Pas moins de 170 affaires liées au terrorisme sont inscrites à l'ordre du jour du seul tribunal d'Alger qui clot sa session criminelle début avril. La cascade de procès contre les personnes impliquées dans les affaires de terrorisme qui se tiennent un peu partout dans les tribunaux du pays depuis l'ouverture de la session criminelle, le 24 février dernier, annonce peut-être une nouvelle stratégie politique en la matière. La célérité affichée ces derniers jours par les autorités judiciaires dans le traitement de ces dossiers en suspens dénote manifestement un changement de ton dans le traitement de la crise sécuritaire. Les délices dont jouissaient les terroristes et assimilés sous le parapluie très protecteur de la charte voilà près d'une année, ne seraient ainsi qu'un mauvais souvenir. Un souvenir d'une option politique qui aura péché par son ambiguïté, voire sa générosité vis-à-vis de ceux qui étaient à l'origine de la tragédie nationale pour reprendre l'expression consacrée. La condamnation à mort et par contumace du duo Belmokhtar-Hattab par le tribunal de Batna, en attendant qu'ils soient également jugés par le tribunal d'Alger, le 28 de ce mois, et l'inscription de l'affaire El Para, renseignent sur la volonté des autorités de siffler la fin de la récréation pour les terroristes qui se croyaient peut-être intouchables grâce à la charte pour la paix. Et c'est justement l'autre chapitre de cette loi qui vient d'être mis à exécution via l'organisation de ces procès. Pas mois de 170 affaires liées au terrorisme et qui impliquent plus de 130 personnes sont inscrites à l'ordre du jour du seul tribunal d'Alger qui clôt sa session criminelle au plus tard début avril pour la reprendre en juin. Ces procès concernent ceux qui se sont rendu coupables de chefs d'inculpation aussi criminels que les attentats à l'explosif, les meurtres et la création d'organisations terroristes armées entre autres. Ce sont précisément ces catégories de terroristes que la loi portant charte pour la paix et la réconciliation a exclu expressément de la repentance. Il y a donc lieu de noter que les autorités ne sont pas prêtes à faire davantage de concessions à ceux qui n'ont pas fait de quartier aux forces de sécurité. Le délai de grâce ayant expiré en août 2006, la force semble enfin revenir à la justice et à la loi. Et la tenue de ces procès plusieurs fois renvoyés, mais surtout les condamnations prononcées contre certains émirs, lèvent tout soupçon quant à la détermination des pouvoirs publics - politiques surtout - de donner un coup de pied dans la fourmilière terroriste. On peut donc supposer que les autorités ont décidé de recourir à la manière forte dans la lutte contre les terroristes après avoir épuisé tous les moyens matériels et politiques de les dompter. Cela ressemble en tout cas à une stratégie consistant à coupler la solution politique - la repentance y compris par l'impunité - et la lutte sur le terrain pour nettoyer les maquis. Les intenses bombardements qui ont lieu en ce moment dans les montagnes de Kabylie et dans d'autres régions du pays suggèrent que le tout sécuritaire serait désormais l'option lourde des décideurs. En l'occurrence, les autorités devraient être édifiées sur le cas des irréductibles qui ont décliné la voie royale que leur avait offert la charte pour descendre des maquis et qui sont irrémédiablement rétifs à toute négociation. C'est dire que les pouvoirs publics n'ont dorénavant plus le choix et ne pourront même pas être accusés d'avoir manqué de générosité vis-à-vis de ceux qui se terrent là-haut dans les montagnes. Après la carotte, l'heure serait au bâton…