L'histoire du chahid Ahmed Rachedi, activant pendant la guerre de libération, dans la zone entre Jijel à la gare Mechta Larbi de Chelghoum Laïd, aurait pu prendre un autre tournant si la mémoire visuelle avait, par devoir de reconnaissance, pris soin de rétablir la vérité sur le parcours révolutionnaire de mon père. » Cette allocution est distillée à l'occasion du 50e anniversaire de la mort d'Ahmed Rachedi. Retrouvailles émouvantes, surtout que sur une louable initiative de l'APC et des organisations locales des moudjahidine et des chouhada, la célébration est jumelée au contexte historique du 19 mars. L'oratrice n'est autre que Naziha, la fille du chahid, âgée à peine de quelques mois lorsque son père, né en 1930, est tombé au champ d'honneur un certain 12 mars 1957, à l'issue de l'assaut donné par le commandant Pierrot Lochard à la tête d'un renfort estimé à 600 soldats, raconte Moussa Rachedi, un rescapé qui était à ses côtés. Ahmed Rachedi est mort « debout », après avoir livré une résistance héroïque à l'ennemi au lieudit Taridalt, non loin du chef-lieu de commune où il est enterré dans le cimetière musulman, rapportent des témoins oculaires exhibant des témoignages authentifiés sur ses faits d'armes. Chahid et combattant hors pair, à l'instar des Chekroud, Mammeri, Mehat, Belharous et beaucoup d'autres, il n'aura pas le droit au statut de martyr car « on » craignait que soit levé le voile sur certains épisodes de la Révolution. Ce « on », Naziha, stoïque, se gardera d'en éventer les tenants préférant ne pas remuer le couteau dans une plaie vieille de 50 ans. Les yeux embués, elle dira : « L'unique legs dont on a gratifié mon défunt père est une singulière banderole portant son nom et suspendue aux deux extrémités de la commune. J'interpelle aujourd'hui tous ceux parmi les présents qui l'ont côtoyé et connu pour son engagement indéfectible en faveur de la cause nationale, d'en témoigner afin qu'éclate la vérité, rien que la vérité ! »