Le délai de dépôt des listes de candidatures pour les élections législatives du 17 mai prochain a expiré hier à minuit. Une vingtaine de partis et plusieurs listes indépendantes s'engagent dans la « bataille » électorale pour la 6e législature. A la faveur de cette échéance électorale, on a vu des partis, effacés depuis les élections locales du 10 octobre 2002, réapparaître subitement sur la scène politique et se lancer dans la compétition. C'est le cas, par exemple, du Rassemblement algérien (RA) et du Mouvement national pour la nature et le développement (MNND), qui étaient pendant près de cinq ans aux abonnés absents. Et voilà qu'aujourd'hui, comme beaucoup d'autres partis dont la liste est longue, ils tentent d'utiliser cette même élection pour signer leur retour -quand bien même s'annonce-t-il d'ores et déjà passager-aux affaires politiques. De tels partis, dont la présence est quasi inexistante dans plusieurs régions du pays, arrivent -on ne sait comment- à confectionner des listes électorales avec, à leur tête, des personnages inconnus sur la scène politique. Mais la nature du système politique les laisse entretenir l'espoir de pouvoir « se glisser » dans l'hémicycle Zighout Youcef et s'assurer une mandature de cinq années avec des avantages qui en font courir plus d'un. Ce même « système » attire de nombreuses candidatures indépendantes, parfois animées par des ambitions étroites, parfois désireuses de rebondir sur la scène après avoir renoncé à leur appartenance politique. C'est ainsi que l'on voit certaines listes électorales conduites par d'anciennes figures (Saïd Khelil, par exemple) qui ont milité pendant de longues années dans des formations politiques. Des hommes d'affaires se sont également présentés dans des listes indépendantes, espérant pouvoir, grâce à leur aisance financière, gagner la « confiance » des électeurs. Les partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP), qui ont toujours eu aisément la majorité au sein des deux chambres du Parlement, ne se montrent guère « inquiets » par ce foisonnement de listes indépendantes. Ils assurent qu'il ne pourrait y avoir aucune autre majorité en dehors de cette troïka présidentielle dont le programme n'est autre que celui du président de la République. Cela même si chacun d'entre eux fait cavalier seul pour avoir à son propre compte un nombre le plus élevé de sièges. Cette nouvelle édition électorale, qui ressemble plutôt à une foire, se jouera sans doute entre ces trois formations en compétition, qui disposent de moyens importants dont rêvent plusieurs autres partis. Ne craignant guère de déplaire aux électeurs, en nombre avoisinant cette année les 20 millions, ces trois partis au gouvernement ont mis leurs ministres en tête de liste. C'est le cas du RND à Alger, qui y a placé Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances. Le constat est le même chez les deux autres partis, à savoir le FLN (qui a eu 199 députés à la 5e législature) et le MSP, qui ont reconduit des députés -respectivement Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et Amar Ghoul, ministre des Travaux publics- pour un troisième mandat. D'autres formations, qui se réclament de l'opposition, telle que le RCD, se sont lancées dans cette compétition, sans pour autant s'assurer de son déroulement dans la transparence et la neutralité. Ainsi, on voit le président du RCD, Saïd Sadi, tête de liste à Alger. Rédha Malek, président de l'Alliance nationale républicaine, se présente aussi à Alger et semble avoir fait fusion avec l'Union pour la démocratie et la République, une nouvelle formation non agréée et présidée par l'ancien vice-président du RCD, Amar Benyounès, et une aile du MDS qui a volé en éclats au lendemain de la mort de son fondateur feu El Hachemi Chérif. D'autres formations, comme le FFS, ont choisi de boycotter ces élections, qui pour eux ne sont qu'une « formalité pour donner du crédit à une assemblée sous les ordres du pouvoir exécutif ». D'autres partis en crise interne, à l'image d'El Islah, ont été empêchés de se présenter à cette échéance. Cela a contraint Abdallah Djaballah à opter lui aussi pour le boycott. Ainsi, entre boycotteurs et participants, le défi consiste à drainer le nombre le plus important d'électeurs dans sa trajectoire. Reste à savoir si les « urnes », contrairement aux rendez-vous électoraux précédents, seront cette fois transparentes.