« Il n'y a pas de moudjahidine taïwan à Oran », atteste un groupe d'anciens combattants de la Révolution algérienne, en réaction aux accusations proférées par d'autres membres de l'ONM, regroupés dans ce qui a été appelé la cellule de crise. Se gardant de parler au nom de cette organisation de masse à laquelle tout ce beau monde appartient, les premiers accusent Touhami Berrahab d'être l'instigateur d'une agitation qui n'est motivée que par la tenue du congrès prévu le 1er décembre prochain et auquel il ne participera pas. A ce propos, dans un communiqué rendu public le 18 de ce mois, « les fidayin et membres de l'ALN », qui se sont là aussi gardés de parler au nom de l'ONM, ont rappelé que « la même bande qui essaye de semer la zizanie au sein de la famille révolutionnaire s'est également manifestée en 1996, à la veille du dernier congrès. » Voulant à tout prix garder l'anonymat pour ne pas tomber dans la polémique et les accusations interindividuelles, des cadres de l'ONM, rencontrés hier, renvoient la balle à leurs détracteurs en leur rappelant que, parmi les instigateurs de cette cellule de crise, certains étaient, durant la guerre de Libération, sous d'autres cieux, pour ne pas dire au Maroc. Ce qui sous-entend que le problème des moudjahidine taïwan existe, mais il est mal posé. En effet, on apprend que M. Berrahab était lui-même secrétaire général à Oran de l'organisation, au début des années 1990. Il a ensuite siégé au CNT. Mieux encore, on atteste qu'il présidait aussi la commission de wilaya chargée de la reconnaissance des moudjahidine dont les dossiers ne sont validés en dernier lieu que par la commission nationale. Ils étaient 372 000 à être recensés à l'échelle nationale en 1996 ( avec 60 000 dossiers en instance). moudjahidine taïwan C'est une manière de dire que l'ancien SG de l'ONM pouvait, de par la fonction qu'il occupait, agir en toute légalité et dénoncer ses anciens camarades qu'il accuse aujourd'hui d'être des « faux ». On atteste que, depuis 1996, aucun dossier de reconnaissance n'a été proposé à la commission nationale. Une manière de dire que si faux moudjahidine il y a, ils n'ont pu qu'être proposés auparavant. Un autre cadre de l'ONM va plus loin. « Au prochain congrès, qui sera sans doute le dernier (vu l'âge des anciens de la Révolution), l'ONM va demander des comptes à l'Etat. » Pour ce dernier, il n'est pas normal que la famille révolutionnaire continue à être écartée des grandes décisions économiques et politiques qui concernent l'avenir du pays. « Toutes les organisations de masse ( UGTA, UNPA, etc.) sont consultées sauf nous », déplore-t-on à ce sujet. On considère ainsi que cette agitation (qui a effectivement pour conséquence immédiate de discréditer la famille révolutionnaire ) vise en réalité à empêcher l'ONM d'avoir son mot à dire. Cependant, dans beaucoup de cas, les intérêts sont souvent étroits.