Mustapha Bougouba a promis hier de faire « échouer » la tenue du 10e congrès de l'ONM prévu demain au Palais des nations à Alger. « Certains de nos compagnons seront à l'intérieur de la salle et d'autres à l'extérieur. Ils ont été instruits pour prendre la parole afin de dévoiler les faux moudjahidine qui ont pris en otage l'ONM, à commencer par le ministre des Moudjahidine, Cherif Abbas. Nous allons profiter de la présence de M. Bouteflika pour crever l'abcès », a déclaré Mustapha Bougouba lors de sa conférence de presse avec un membre de l'Association des anciens condamnés à mort, venu d'Oran. Exhibant toutes les photos en uniforme et les attestations prouvant sa qualité d'ancien combattant de la Révolution, M. Bougouba s'est juré de ne plus enlever sa tenue de combat militaire jusqu'à ce que cette affaire soit prise en charge par les plus hautes autorités. « Le dossier des faux moudjahidine est un complot contre l'Algérie et son histoire. » Il a commencé juste après les accords d'Evian lorsque d'anciens élèves de l'Ecole militaire préparatoire nord-africaine (ENPNA) de Koléa, formés par l'armée coloniale, ont intégré les rangs de l'ALN juste après l'indépendance dans le but de prendre le pouvoir et de constituer un système gangrené contre lequel nous luttons tous depuis des années... ». Selon lui, le 10e congrès de l'ONM est « préfabriqué » puisque, a-t-il expliqué, le choix des participants a été fait sur « des considérations politiques ». Il a révélé que le responsable chargé de la liste des anciens officiers de l'ALN lui a appris que ces derniers représentent une armée de 18 000 personnes. « Si durant la révolution nous avions eu autant d'officiers, nous aurions vaincu la France en quelques mois seulement », a-t-il ironisé. Revenant sur la question du 10e congrès de l'ONM, il a indiqué avoir été destinataire d'informations selon lesquelles « une somme de 250 millions de dinars a été versée aux responsables des wilayas » pour que la tenue du congrès de l'ONM se déroule « dans de bonnes conditions ». Il a affirmé que 50% de l'effectif des moudjahidine et leurs ayants droit ne réunissent pas les conditions nécessaires pour avoir une attestation communale. « Je ne dis pas qu'ils étaient des harkis, mais qu'ils n'ont pas la qualité de moudjahidine ou d'ayants droit. Le ministre des Moudjahidine ne veut pas lâcher l'ONM depuis 8 ans parce que lui-même n'a pas participé à la révolution. Il fait partie des groupes de pression qui gangrènent le système. Il a déclaré l'existence de 10 000 faux moudjahidine, avant de revenir sur ses propos pour affirmer que ces 10 000 ont été recensés depuis 1968. Pourtant, pour la seule wilaya de Tébessa, les autorités ont reconnu avoir relevé 3000 cas de faux combattants. » M. Bougouba a beaucoup insisté sur la nécessité d'assainir les rangs afin de pouvoir soulager le Trésor public de ce fardeau. Selon lui, le montant des pensions versées par l'Etat à ces faux moudjahidine et ayants droit « représente les salaires de 3 millions de jeunes ». Pour sa part, Kadour Benayad, ancien condamné à mort, a exprimé sa solidarité avec M. Bougouba, rappelant que 400 moudjahidine ont signé cette semaine une motion de retrait de confiance au responsable de l'ONM à Oran pour plusieurs raisons, dont celle liée au dossier des faux anciens combattants et ayants droit. Tout porte à croire donc que la tenue du 10e congrès risque d'être sérieusement perturbée.