Des statistiques provenant du service de médecine légale du CHU Benbadis ont révélé qu'en 2006, il y a eu près de 967 cas de femmes battues, toutes formes de violences physiques confondues, tandis que pour les violences de nature conjugale, on compte près de 435 cas. Nombre, selon le professeur Benharkat, médecin légiste à l'hôpital, en nette diminution par rapport aux années précédentes, puisqu'en 2004, 1293 cas de violence à l'encontre des femmes ont été enregistrés, dont 516 de nature conjugale, et 1272 cas, dont 482 pour l'année 2005. Le professeur précisera également que ces chiffres restent approximatifs, en raison de l'incapacité de l'ensemble des femmes violentées à se présenter pour se faire examiner. Cependant, les violences de nature verbale, ou celles encore de privation ne sont pas à exclure. « Si la violence physique est facile à constater, témoigne le professeur Benharkat, celles verbale et de privation restent difficiles à évaluer et donc à en apprécier les conséquences. » Un taux de 10% de femmes victimes de coups et blessures volontaires est enregistré au niveau du service de médecine légale du CHU de Constantine, sur une moyenne de 10 000 consultantes par an pour sévices volontaires ou involontaires. Le médecin met l'accent sur l'importance de souligner à l'ensemble des victimes de maltraitance en tous genres que « la consultation est ouverte à toute victime de violence, laquelle peut se présenter directement à la consultation sans que lui soit exigée une réquisition à médecin, de la part des autorités judiciaires ». Cette démarche permettra aux femmes battues qui refusent de déposer une plainte d'avoir la possibilité de se faire examiner dans la discrétion la plus totale et, partant, leur assurer la sécurité. Le médecin légiste pourra, de son côté, leur délivrer dans l'immédiat un document médico-légal qu'elles pourront présenter à tout moment, et en cas de dépôt de plainte auprès de la justice. Abordant le volet de la nature des violences conjugales, le docteur indiquera que les lésions vont de simples contusions jusqu'aux fractures, nécessitant rarement une hospitalisation. A ce propos, dira-t-il, seulement 2 cas par an sont enregistrés. Toutefois, dans plus de 90% des cas, l'incapacité temporaire totale (ITT) est inférieure ou égale à 15 jours, et supérieure à 15 jours dans 10% des cas. En cas de coups et blessures volontaires, il est stipulé dans le code pénal, qu'il y a délit si l'ITT est supérieure à 15 jours. Les coups de poing, de pied et de tête, sont généralement les moyens de violence les plus courants dans plus de 60% des cas. Pourtant, les violences au moyen d'objets contondants ne sont pas à écarter dans moins de 40% des cas. La tranche d'âge concernée se situe entre 20 et 40 ans dans plus de 80% des cas. Cela étant, cette liste n'est pas exhaustive, car comment dénombrer celles qui refusent de se présenter à l'hôpital par peur de représailles ?