Située au sud de la wilaya de Béjaïa, Boudjellil est l'une des plus anciennes communes d'Algérie puisqu'elle jouit de ce statut administratif depuis 1948. Avec plus de 100 km2 de superficie, elle s'étend d'Allaghane jusqu'aux Portes de fer. C'est également « la plus vaste commune du nord du pays », selon les termes mêmes de M. Mohand Benamara, le P/APC. Une centaine de kilomètres donc mais un relief très accidenté auquel s'accroche une population essentiellement paysanne estimée à 17 000 âmes. Loin d'être un atout, une superficie aussi étendue fait qu'un litre d'eau potable qui coûte un centime quand il est pompé au bord de l'oued revient à un dinar quand il est livré sur les hauteurs de l'un des 23 villages que compte cette commune enclavée, selon les calculs de l'édile communal. Avec une population rurale, pauvre et paysanne, la fiscalité est naturellement très faible. Seulement, avec le renvoi de 10 % de la TVA prise sur les ventes et les achats de Baticompos qui, avec Somacob, est la seule entreprise d'envergure installée sur le territoire de la commune, l'espoir est permis. « Avec les subventions de l'Etat, on escompte des recettes de près de 20 millions de dinars », dira M. Benamara. Au chapitre des réalisations, la réfection des chemins communaux, l'AEP, l'électrification, l'éclairage public et le raccordement au gaz de ville, notamment du chef-lieu, sont autant d'acquis pour la population. Même si, lors du bitumage de l'axe principal menant vers Boudjellil -centre, les travaux se sont arrêtés à 300 m de la principale place publique qui offre ainsi un visage crevassé des plus hideux. Aucune entreprise ne s'est encore présentée pour prendre les 3 millions de dinars qui restent pour achever les travaux. A ce titre, l'exécutif communal a donc légitimement demandé le transfert de cet argent vers l'APC pour pouvoir procéder à l'achèvement des travaux. L'autre problème est que des localités comme Aftis ou Beni Mansour, sises sur le tracé même du gazoduc, ne sont pas raccordées au gaz de ville. Aux yeux du premier magistrat de la commune, le développement de cette dernière passe obligatoirement par ce qui a de tout temps fait sa principale richesse : l'agriculture. Avec 20 km de plaines sur les rives de oued Sahel, la plaine d'Iârqave, celles de Tigrine ou Metchik, c'est un secteur potentiellement créateur d'emplois et de richesses pour peu que les fonds consentis par l'Etat soient cohérents dans leur démarche. Ce qui ne semble pas être le cas si l'on en juge par les expériences sur le terrain des différents programmes d'aides lancés jusqu'à présent par le ministère de l'Agriculture et dont le dernier est le PPDRI. « On ne sait encore rien de ce PPDRI. On lance comme ça des dispositifs comme le PNDRA, le FNRDA et autres, mais ils n'ont aucune réalité sur le terrain puisqu'il n'y a pas de suivi. Le résultat est que la pomme de terre reste toujours inaccessible et le lait introuvable », s'indigne Mohand Benamara qui cumule 8 ans à la tête de sa commune et qui semble bien connaître son sujet. Avec des perspectives de développement aussi sombres, il va de soi que la commune affiche un taux de chômage difficile à égaler puisqu'il tourne autour de 60%. Et ce ne sont pas les 163 emplois créés par l'APC qui y changeront quelque chose. Le fait d'être située à l'extrême-sud de la wilaya fait, sans doute, qu'elle est continuellement oubliée des pouvoirs publics. Trop éloignée pour que l'on se rappelle de son existence.