Retirées purement et simplement du marché, et bradées sousd'autres cieux, les semences de blé dur de la région de Oued Zenati font défaut. Les doléances des agriculteurs pour la réintroduction de ces céréales sont inlassablement émises auprès de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS), de l'Institut technique de grandes cultures (ITGC), et autres organismes agricoles, eux-mêmes conscients que ces semences du terroir sont irremplaçables. A signaler l'introduction sur le marché public au niveau des plaines intérieures du Nord algérien et de Guelma, en particulier, des blés durs en provenance de Syrie pour le Waha, de l'Espagne pour le Vitron, et du Mexique pour le GTA. Ces blé durs constituent pour l'heure les plus importantes quantités de semences vendues par la CCLS de Guelma durant les précédentes campagnes agricoles et celle de 2006 - 2007. L'unique semence issue du terroir de la région, Bidi 17, a été commercialisée cette année comme semence ordinaire à travers la wilaya de Guelma à hauteur de 2274,5q dont 267 pour la multiplication, soit moins de 1% de l'ensemble des semences commercialisées. Ces quintaux constituent vraisemblablement les derniers sacs d'une semence du terroir en voie de disparition, nous a-t-il été affirmé. Quant aux variétés Zenati 368, Zenati bouteille, le Hedba 03, selon certains responsables de la CCLS de Guelma, elles n'ont pas été distribuées à leur niveau depuis des lustres, malgré les doléances de plusieurs fellahs de la région de Guelma en faveur de leur vente. Les arguments des services de l'ITGC Les objectifs essentiels de l'Institut technique des grandes cultures de la wilaya de Guelma sont l'augmentation des rendements et l'amélioration de la production des grandes cultures, dont les céréales en qualité et quantité. Les semences acclimatées d'importation (Waha, Vitron, GTA), selon les services de l'ITGC, répondent parfaitement aux objectifs fixés, notamment leur rendement en paille et blé, ainsi que leur variable résistance aux maladies, telles la rouille (jaune, brune et noire), l'oïdium et la septoriose. Ces deux dernières maladies touchent actuellement la vallée de l'Oued Seybouse. Pour ce qui est des variétés du terroir de la région de Guelma, à savoir Zenati bouteille, Zenati 368 et Hedba 03, elles ont été retirées du marché et même à l'échelle expérimentale pour les deux premières, car leur rendement n'est pas en adéquation avec les programmes de développement agricole. EIles sont également sensibles aux maladies. Le plus étonnant dans cette histoire, c'est que des cadres de l'agriculture ont retrouvé ces mêmes blés du terroir dans plusieurs pays producteurs de blé dur, sous une forme génétiquement améliorée et sous autres appellations. Ils constituent pour l'heure des fleurons pour leur qualité à la mouture et transformation agroalimentaire, telles les pâtes. Donc, pourquoi ne pas réhabiliter nos blés du terroir ? Une question qui dérange visiblement ! Quelques kilos jalousement conservés Aujourd'hui, seule une poignée de vieux agriculteurs conservent précieusement leur « âoualla de Zenati » dans la région de Guelma. En clair, du blé destiné exclusivement à la préparation de la « kesra » traditionnelle, tant pour sa qualité protéinique que pour sa richesse en gluten, lesquelles sont une référence dans leur région, contrairement à ce grain semé dans notre pays ; « un blé ni dur ni tendre », selon les mots d'une vieille femme à Aïn Leghrab, dans la région de Oued Zenati, et qui est en plus difficilement pétrissable. Il serait judicieux de réintroduire et de revaloriser nos semences locales car, elles seules, peuvent redorer le blason de notre agriculture outrageusement dépendante de tiers pays.