Pourquoi le GSPC a-t-il rejoint la nébuleuse Al Qaïda et devient-il sa filière au Maghreb ? Les analyses des spécialistes en la matière convergent vers la thèse selon laquelle le GSPC passe sous la bannière de l'organisation terroriste internationale du sinistre Oussama Ben Laden pour avoir perdu ses appuis au sein de la société. Farhad Khosrokhavar, éminent sociologue spécialiste de l'islamisme radical en Europe et dans le monde, relève d'emblée un fait : le GSPC a frappé, outre l'Algérie, au Maroc. Il se peut, selon lui, que la Tunisie soit sa prochaine cible. Cela prouve qu'il a un « mandat » maghrébin : son champ d'action s'étend au-delà de la frontière algérienne. « Les groupes terroristes, explique-t-il, ont toujours besoin de quoi légitimer leurs actes. Si le GSPC intègre le mouvement d'Al Qaïda, c'est parce qu'il a perdu totalement son caractère national, ne disposant plus d'appuis au sein de la société : ceux qui adhéraient par le passé à son idéologie meurtrière ne le suivent plus. Mais en même temps, il ne compte pas abandonner son œuvre sanguinaire. Pour ce faire, il se met donc sous la coupe d'Al Qaïda, en vue, faute d'avoir perdu sa légitimité nationale, d'en acquérir une, internationale. » « Pour cette raison, il se transnationalise », indique Farhad Khosrokhavar. L'échec du GSPC réside aussi dans son incapacité à proposer « une alternative politique » à ce qui existe. Il s'est ainsi retrouvé, au fil des années, complètement isolé de la société, affaibli militairement et également coupé de ses soutiens traditionnels qui se trouvent dans certains pays européens, dont la France. M. Khosrokhavar considère ainsi l'affiliation du GSPC à Al Qaïda comme « une fuite en avant » dans le sens où il n'obtiendra pas les dividendes espérés, à savoir retrouver sa légitimité perdue. Selon lui, le cas du GSPC est exceptionnel dans la mesure où il est l'unique groupe terroriste à faire allégeance à l'organisation de Ben Laden. Tout en soutenant cette thèse, d'autres analystes estiment que, par son allégeance à Al Qaïda, le GSPC espère également récupérer sa force de nuisance, voire l'augmenter en bénéficiant d'un soutien logistique et d'une technologie qui lui permettraient de perfectionner son mode opératoire.