Attya Abdel-Rahmane El-Liby figure depuis peu sur la liste américaine des terroristes islamistes les plus recherchés. Considéré comme le “responsable du recrutement et du dialogue entre Al-Qaïda et les autres groupes radicaux”, son parcours démontre les liens entre la nébuleuse terroriste d'Oussama Ben Laden et le GSPC mais, également, le jeu trouble des groupes libyens en Algérie. L'administration américaine vient d'ajouter trois nouveaux individus, considérés comme des chefs combattants d'Al-Qaïda, à sa liste des terroristes les plus recherchés au monde. Il s'agit, selon Al-Sharq Al-Awssat, de Mohamed Khalil El-Hikayema, alias Abou Djihad, responsable de la Djemaâ Islamiya, Abdel-Hadi Al-Iraki, l'homme de Oussama Ben Laden en Irak ainsi que Attya Abdel-Rahmane El-Liby, considéré comme étant “l'officier exégète” et spécialiste des explosifs. Ce dernier est connu des services de sécurité algériens pour avoir déjà été arrêté sur le territoire national. Il est aussi connu du GSPC. Attya Abdel-Rahmane El-Liby est certes connu par les experts américains comme l'un des théologiens de la mouvance salafiste, il est également considéré comme étant le “responsable du recrutement et du dialogue entre Al-Qaïda et les autres groupes radicaux”. Il semble que Abdel-Rahmane El-Liby s'est “détaché” durant une période de deux ans d'Al-Qaïda. Un laps de temps où il a vécu en Algérie, rapporte Al-Sharq Al-Awsat citant des fondamentalistes radicaux à Londres. “Il a essayé durant cette période de concilier et d'aplanir les divergences entre les différents chefs des groupes terroristes algériens”, précise le quotidien. Selon les fondamentalistes cités par Al-Sharq Al-Awsat, El-Liby a été arrêté et emprisonné en Algérie même si le lieu et la date des faits n'ont pas été précisés. “Le GSPC de Hassan Hattab a lancé une fetwa le condamnant à mort. Il a été mis en détention pendant des mois dans la zone numéro deux qui était sous le contrôle de Hassan Hattab, mais il a réussi à s'enfuir en compagnie d'autres islamistes libyens. Il a fui vers la région de Larbaâ avant de quitter l'Algérie”, précisent les mêmes sources. Attya Abdel-Rahmane El-Liby aurait rejoint une nouvelle fois l'Afghanistan aux alentours de l'an 2000. Il semble que El-Liby ait rejoint dès les années quatre-vingts la mouvance terroriste en Afghanistan à un âge ne dépassant pas la trentaine, où il aurait connu entre autres d'Abou-Moussab Al-Zarkaoui, l'ancien numéro 1 d'Al-Qaïda en Irak. Il aurait également accompagné Oussama Ben Laden lors de son déplacement d'Afrique vers l'Afghanistan puis lors de sa fuite de Tora-Bora après la chute du régime taliban. Il fait partie du premier cercle du numéro un d'Al-Qaïda. Il travaillerait actuellement, selon la même source, à partir de l'Iran. Les salafistes algériens ont toujours voulu apparaître comme un maillon incontournable de la nébuleuse islamiste en Afrique du Nord et dans la région du Sahel. Le GSPC s'est maintes fois déclaré comme affilié sous la bannière d'Al-Qaïda et du “djihad islamiste”. Des contacts ont été établis entre le GSPC et les groupes armés irakiens. L'on évoquait en 2003, le fait que le GSPC disposait d'éléments parmi les hommes du groupe “Ansar Allah” dont le chef n'était autre que le Jordanien Al-Zarkaoui. Mokhtar Belmokhtar a révélé dans un entretien publié sur le site Internet du GSPC qu'il avait été chargé avec Abdel-Baki, premier “émir” de la région sud par le chef national du groupe, du contact avec les dirigeants d'Al-Qaïda quand ils se sont installés au Soudan fin de 1994, début 1995. La présence d'éléments étrangers dans ses rangs a été confirmée à plusieurs reprises. Notamment après l'élimination en septembre 2002 de Imad Abdelwaahed Ahmed Alwane, plus connu dans les cercles d'Al-Qaïda sous le nom de Abou Ahmed “le Yéménite” à Merouana dans la wilaya de Batna et l'arrestation de plusieurs personnes de nationalités tunisienne, marocaine, libyenne, malienne et nigérienne. Les spécialistes reconnaissent au GSPC des liens avec le djihad islamique ou le tabligh libyen, les moudjahidine mauritaniens ou encore attakfir wal hijra version marocaine et la branche armée de Harkat Annahdha en Tunisie. Les salafistes algériens avaient multiplié les contacts avec les relais d'Al-Qaïda en Angleterre notamment, dont Abou Qotada Al-Falestini, pour avoir l'aval “religieux” de Ayman Al-Zawahiri. Le GSPC a été “adoubé” en septembre dernier par le numéro deux d'Al-Qaïda comme étant l'un des affidés d'Al-Qaïda. Si l'implication d'éléments étrangers aux groupes terroristes algériens ne laissait aucune place au doute ces dernières années, le parcours de Attya Abdel-Rahmane El-Liby lui, démontre à la fois les liens existant entre la nébuleuse terroriste d'Oussama Ben Laden et le GSPC mais, également, le jeu trouble et l'implication des groupes libyens en Algérie. Samar Smati