Deux personnes ont été tuées et une autre blessée, hier matin, vers 9h30, lors d'une attaque sanglante contre un bureau de poste dans la commune d'Aït Mahmoud à Beni Douala (17 km au sud de Tizi Ouzou). L'une des victimes, un cafetier âgé de 28 ans, est décédée sur le coup alors qu'un postier, âgé de 48 ans, a succombé à ses blessures à l'hôpital de Tizi Ouzou trois heures plus tard. Selon des témoins présents sur place, la troisième personne, un transporteur de voyageurs, a été grièvement blessée par une balle dans le dos en prenant la fuite avec son fourgon. Ce dernier a été criblé de balles et son chauffeur hospitalisé au CHU de Tizi Ouzou, dit-on. L'attaque a eu lieu quelques minutes après l'arrivée du fourgon d'Algérie Poste avec à son bord la somme de 900 millions de centimes. Les assaillants, au nombre de cinq, dont quatre encagoulés, étaient armés de kalachnikovs et de carabines. Selon des témoins, les quatre postiers n'ont opposé aucune résistance à ce groupe qui a accédé au bureau de poste sans que personne ne s'en rende compte. Le postier décédé aurait été atteint par une balle dans la tête en tentant de donner l'alerte avec son téléphone portable, à la sortie de la poste. C'est ce qui aurait déclenché, selon des témoignages, des tirs dans tous les sens. Cette fusillade aurait pu provoquer un carnage si les gens n'avaient pas trouvé refuge derrière les bâtiments et à l'intérieur des magasins situés à proximité de la poste. Le jeune cafetier n'a malheureusement pas eu la chance de fuir les balles assassines qui l'ont touché mortellement au cœur. La mare de sang, laissée par le postier décédé devant le portail de l'agence postale, témoignait elle aussi de l'ampleur du drame qui a provoqué colère et consternation au sein de la population locale. Ahcène, la trentaine entamée, a failli être tué alors qu'il se rendait dans le bureau de poste pour retirer de l'argent. Un jeune soudeur n'a même pas eu le temps d'ouvrir son atelier dont le portail a été mitraillé par ces criminels. Entouré d'un groupe de jeunes, ce dernier paraissait être toujours sous le choc d'une attaque que certains redoutaient depuis longtemps. Les vitres d'un véhicule garé près de la mairie ont été brisées par l'un des membres de ce groupe qui a pris la fuite après. Amassés devant le siège de la marie d'Aït Mahmoud, jouxtant le bureau de poste attaqué, des citoyens dénoncent l'arrivée tardive des éléments des services de sécurité, venus en civil une heure et demie après le drame. Un vieillard s'est longuement plaint de l'insécurité ambiante dans sa commune, livrée au banditisme et à la délinquance. Notons que la commune d'Aït Mahmoud ne dispose d'aucune structure de services de sécurité. Encore moins le bureau de poste, qui ressemble à un taudis, est dépourvu d'un minimum de sécurité. Cette attaque perpétrée contre un bureau de poste a ressuscité l'inquiétude des habitants de la wilaya de Tizi Ouzou où les kidnappings, les vols de voitures et les hold-up sont devenus à la mode dans la région. Le premier hold-up relevant de cette nouvelle forme de criminalité remonte à fin novembre 2004 dans la région de Bouzeguène où les bandits sont partis avec 150 000 euros. Un convoyeur de fonds a été tué lors de cette attaque. Des sommes d'argent atteignant 200 millions de centimes ont été dérobées des agences postales de Djemmaâ Saharidj, Mekla, Aït Yahia (Aïn El Hammam) et Beni Aïssi (Beni Douala). Les agences locales de la BDL d'Azazga et de Aïn El Hammam, la BNA à la nouvelle ville de Tizi Ouzou et l'agence CNEP de Boghni ont été, à leur tour, la cible des bandits qui sévissent en toute impunité dans les localités isolées de la wilaya de Tizi Ouzou. Le dernier vol en date a eu lieu en plein jour dans la daïra des Ouadhias où les voleurs ont subtilisé 30 millions de centimes d'un bureau de poste au village d'Aït Abdelkrim.