Le bureau de poste de Taguemount Azzouz, un village de la daïra de Béni Douala, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Tizi Ouzou, a fait, hier, vers 9h, l'objet d'un hold-up au cours duquel deux citoyens ont été tués, un autre a été grièvement blessé et une somme de 900 millions de centimes subtilisée. L'acte criminel est l'œuvre d'un groupe de cinq individus armés et encagoulés, dont l'appartenance au terrorisme ou au banditisme n'est pas encore établie, qui a eu l'audace d'agir au cœur d'un village à une heure de grande affluence. De nombreux habitants de Taguemount Azzouz, le village où se trouve ce petit bureau de poste, ont assisté médusés, terrifiés, à ce drame jamais vécu encore dans un village de la région. À notre arrivée dans le village, quatre heures sont déjà passées après les faits, mais les habitants étaient toujours sous le choc, et les langues avaient du mal à se délier. Il pleuvait des cordes, mais une grande tache de sang était toujours visible sur les lieux de l'assassinat de l'employé de ce bureau de poste dont la porte a été fermée juste après. Devant la poste, les habitants tentaient de décrire encore la scène à laquelle ils venaient d'assister. Un employé, qui était présent lors du hold-up, raconte qu'il était 9h exactes lorsque deux individus armés de PA pénètrent à l'intérieur du bureau et demandent “où est Farid le receveur ?” tout en dirigeant leurs armes sur ses collègues. Devant le silence des employés, les deux criminels exigent d'ouvrir le coffre, ajoute encore notre témoin. “Trois autres personnes, dont deux étaient armées de kalachnikovs et une autre d'une vieille MAT allemande, attendaient à l'extérieur“, témoigne un autre citoyen présent au moment des faits. Voyant une scène anormale, certains citoyens tentèrent de s'approcher de la poste et l'un des membres du groupe tire des coups de sommation au moment où ses acolytes faisaient sortir des sacs pleins de billets de banque. Alors que le groupe ne s'est éloigné que d'une vingtaine de mètres, un des employés du bureau de poste tentera de les suivre de loin pour repérer la direction qu'ils ont prise et c'est alors qu'on lui tira dessus l'atteignant mortellement au niveau de la tête. Les rafales tirées à ce moment ont atteint également un jeune, âgé à peine de 27 ans, gérant d'un café situé en face de la poste. Pour fuir, les auteurs du hold-up tenteront de forcer un jeune transporteur de les embarquer, mais ce dernier préféra prendre la fuite et un des criminels ouvrira le feu sur lui et l'atteindra au niveau du bassin. C'est ainsi alors que le groupe armé changea de direction et prit, à pied, la destination du massif forestier de Takhoukht en empruntant une piste située du côté haut de Taguemount Azouz. Dans la commune d'Aït Mahmoud, qui a tout l'air d'être livrée à elle-même, il n'existe malheureusement aucun corps de sécurité pour riposter. “Il aura fallu plus d'une heure après le drame pour qu'un 4x4 blindé de l'ANP fasse son apparition”, nous diront unanimement les habitants du village. “Nous n'avons vu ni policiers ni gendarmes”, ajoutent-ils tristes et indignés. La plupart des habitants disent s'attendre à vivre un tel drame un jour ou l'autre puisque dans la région, et même ailleurs, tout le monde connaît la date du paiement des pensions des retraités et des moudjahidine. La somme de 900 millions était en effet destinée au paiement, de ces pensions, explique un postier. “On aurait dû recourir à un autre moyen de paiement, tel que le versement de ces pensions dans des compte CCP”, dira un retraité du village. Samir LESLOUS