Le mouvement de panique suscité par le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis, samedi, est loin de passer comme un simple nuage d'été. La réaction des autorités algériennes s'est traduite par la convocation, hier au ministère des Affaires étrangères, du chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, auquel une ferme mise au point a été transmise. Dans un communiqué rendu public le jour même, le département des AE algérien affirme que les autorités du pays qualifient l'annonce d'attentat dans la ville d'Alger par cette mission diplomatique de « fantaisiste » et « inacceptable ». L'Etat algérien a par ailleurs fait valoir à la partie américaine « l'obligation du respect scrupuleux de la souveraineté du pays et d'accréditation du principe de non-ingérence dans ses affaires intérieures ». Les mêmes autorités algériennes, rapporte le communiqué du MAE, « ont également souligné que des initiatives intempestives de ce genre sont contreproductives et irresponsables au regard des exigences de la coopération dans la lutte antiterroriste, conformément au droit international et aux pratiques bien établies en matière de coordination entre organismes compétents ». L'alerte américaine et, aujourd'hui, la réaction somme toute légitime de l'Algérie nous poussent à nous interroger s'il y aura à l'avenir reconsidération de la coopération entre les deux pays en matière d'échanges d'informations sur ce sensible dossier du terrorisme. Le communiqué du MAE s'achève d'ailleurs sur un appel aux partenaires de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme à se conformer au devoir de réciprocité en matière de coopération : « L'Algérie qui a consenti des sacrifices considérables dans sa résistance au terrorisme escompte de la part de tous ses partenaires des interactions mutuellement avantageuses dans l'équilibre des droits et des obligations. » Pour rappel, l'ambassade américaine a rendu publique une information samedi, faisant état d'attentats éventuels devant être commis le jour même à Alger. Outre la ferme mise au point exprimée par la diplomatie algérienne, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a réagi au communiqué de l'ambassade US, estimant qu'une telle information « sèmera la panique » et de s'interroger encore « qui a intérêt à semer la panique dans le pays et dans la ville ? ». Répondant aux questions des journalistes en marge de la visite de travail effectuée hier par le président de la République à Alger, M. Zerhouni invitera la famille des médias à faire les analyses qui s'imposent pour démontrer « qu'il s'agit d'une manœuvre ». Le ministre de l'Intérieur, assailli par les représentants des médias, renverra la balle à ces derniers en insistant sur le fait que c'est à la presse que revient le droit de réponse : « C'est à vous de leur répondre, vous avez des plumes, écrivez ! » Le ministre de l'Intérieur, dont la réponse en a étonné plus d'un, a repris la parole pour dire : « Ils vous prennent pour des canards sauvages » et de rectifier tout de suite après en lançant : « Ils nous prennent tous pour des canards sauvages. »