L'Algérie est-elle une république bananière? C'est en l'occurrence ce que l'on pourrait penser après les différents bulletins émis par l'ambassade US à Alger sur l'imminence d'une attaque terroriste sur Alger, et visant particulièrement la Grande-Poste et le siège de l'Entv. De deux choses l'une: ou bien il existe une coordination entre les services algériens et américains en matière de lutte antiterroriste, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001, et dans ce cas, les informations détenues par les Américains auraient dû être transmises en toute discrétion à l'Algérie, en vue de parer à toute éventualité, ou bien cette coordination n'existe pas et il n'est pas question d'en faire état. De toute façon, pendant les années de feu et de sang, soit pendant plus d'une décennie, l'Algérie s'était retrouvée toute seule à combattre les hordes terroristes. Les Etats-Unis et plusieurs pays européens offraient l'asile politique, ainsi que le gîte et le couvert aux chefs terroristes, qui pouvaient, à leur guise, collecter des fonds, lever des troupes, former des djihadistes et mener des opérations de propagande. L'attentat du boulevard Amirouche ne fut-il pas revendiqué à partir des Etats-Unis par un membre influent de la direction de l'ex-FIS? Mais, depuis le 11 septembre, les choses ont semblé rentrer dans l'ordre. La décantation a été opérée, et les terroristes, qu'ils soient du GIA, du Gspc ou d'Al Qaîda pour le Maghreb, ne sont plus en odeur de sainteté dans les capitales occidentales. C'est la raison pour laquelle, on ne peut qu'être choqué par la manière avec laquelle l'ambassade étasunienne à Alger traite les informations ou les pseudo informations en sa possession. S'il est possible de conseiller à ses ressortissants de redoubler de vigilance, et c'est tout à fait légitime, cela aurait pu être fait par d'autres canaux et d'autres moyens que ceux qui visent à semer la psychose au sein de la population algéroise. Par conséquent, il est bon de savoir que le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique a été convoqué ce jour au ministère des Affaires étrangères où une mise au point lui a été faite à propos de l'annonce par ladite mission diplomatique d'attentats imminents dans la ville d'Alger. Dans un communiqué envoyé à la rédaction, le MAE indique que les autorités algériennes qui tiennent l'annonce en question pour fantaisiste et inacceptable, ont fait valoir, à la partie américaine, l'obligation du respect scrupuleux de la souveraineté du pays d'accréditation et du principe de non-ingérence dans ses affaires intérieures. Elles ont également, peut-on lire dans le même communiqué, souligné que les initiatives intempestives de ce genre sont contreproductives et irresponsables au regard des exigences de la coopération dans la lutte antiterroriste, conformément au droit international et aux pratiques bien établies en matière de coordination entre organismes compétents. L'Algérie, ajoute le communiqué, qui a consenti des sacrifices considérables dans sa résistance au terrorisme escompte, de la part de tous ses partenaires, des interactions mutuellement avantageuses dans l'équilibre des droits et des obligations. Pour sa part, L'Expression, dans son édition d'avant-hier, trouvait curieuse cette prédiction de l'ambassade US, en écrivant qu'il aurait été plus judicieux pour l'ambassade de circonscrire tout renseignement sécuritaire à une sphère restreinte. Dans un communiqué rendu public, l'ambassade US à Alger a essayé de se justifier en disant que ses bulletins s'adressaient exclusivement à ses ressortissants et qu'ils n'étaient pas destinés à être repris par la presse. A la bonne heure. Seulement, ces bulletins comportaient des informations si précises, en donnant le jour en désignant les lieux des attentats présumés, qu'ils ont semé la panique, et que la presse algérienne ne pouvait pas les ignorer.