Les Journées d'étude sur la culture des ksour, effectuées par les responsable du ministère de la Culture du 9 au 12 avril, ont permis à la délégation ministérielle de constater sur place l'état des lieux du patrimoine culturel, laissé depuis longtemps à l'abandon. Que ce soit à Boukaïs, Lahmar Mougheul (ksour du nord), à Ouakda ou à la zaouïa de Kenadsa, c'est le même constat amer qui a été fait par la délégation : iI est urgent de sauver ces ksour, dont certains édifiés avant même l'avènement de l'Islam, du processus de délabrement continu subi, et dont la majorité est aujourd'hui inhabitée ou en ruine. A l'exemple de celui se trouvant dans la daïra de Lahmar, entièrement détérioré par les vicissitudes du temps ainsi que le ksar de la commune de Mougheul, partiellement en ruine. L'abandon par leurs propriétaires, explique-t-on, ne pourrait en aucun cas justifier l'état de ces hauts lieux de la mémoire collective. La délégation du ministère de la Culture aura du pain sur la planche, souligne-t-on avec force, car il y a urgence à sauvegarder les ksour classés patrimoine national ainsi que les sites et autres biens archéologiques visités, constituant notre patrimoine culturel ancestral. On a insisté en particulier sur l'application de l'ordonnance de 1967 promulguée sur le patrimoine national, modifiée par la loi de 1998, mise en œuvre seulement en 2003, selon l'intervenante à ces journées. Toujours d'après les membres de la délégation ministérielle, le département de la culture n'est pas responsable de la dégradation de ces lieux culturels, mais les instances élues locales sont également interpellées et mises en cause pour ne pas avoir assumé leur rôle, en appliquant les dispositions du code communal conférées aux organes élus en matière de préservations de ces sites. La réhabilitation en matière architecturale menée dans le ksar de la zaouïa de Kenadsa ne semble pas avoir été appréciée par la délégation ministérielle. L'opération entreprise peu avant la parution des textes fixant les modalités d'intervention du maître de l'ouvrage (la DUC) a été menée dans des conditions qui sont loin de répondre aux critères de restauration souhaitée des ksour, plaide-t-on. Mais, indique-t-on, la procédure en la matière va changer et toute opération va être désormais confiée non plus à la DUC, mais à la direction de la culture qui choisira des artisans spécialisés pour entreprendre la réfection de ce type d'ouvrage. Dans ce débat intéressant et global sur la protection culturelle et immatérielle des sites, il a été question aussi de lutter contre le trafic illicite des biens archéologiques culturels. On a rappelé que l'Algérie a ratifié la convention internationale de 1974 contre le trafic illicite des biens archéologiques. Mais la délégation, a t-on fait remarquer, n'a pu visiter la daïra de Tabelbala (400 km au sud de Béchar) qui regorge de biens et sites préhistoriques d'une valeur inestimable. Des champs de bifaces, hachereaux, meules, pointes de flèches, statues rupestres et les fameuses tombes géantes sont exposés à la destruction massive. Les visiteurs dans la localité ignorent la valeur inappréciable et historique de ces outils, partie intégrante du patrimoine qu'il faut coûte que coûte préserver. La dernière journée de la clôture de ces assises a été consacrée aux recommandations émises par les participants à la maison de la culture en présence du directeur de la culture de la wilaya, et axées sur l'implication directe de l'Etat et les associations locales pour la prise en charge réelle du patrimoine culturel régional. Dans ces recommandations, il s'agit d'abord, selon les intervenants, d'inventorier l'ensemble des biens immobiliers du patrimoine, de restaurer les ksour, les rendre vivants pour y être habités par leurs propriétaires. Dans le chapitre des recommandations, on a demandé la mise en place d'un programme de sensibilisation et de formation continue en direction des artisans spécialisés pour la rénovation de ces sites. Des mesures incitatives pour encourager les habitants des ksour à s'ouvrir, à mettre les manuscrits détenus à titre individuel à la disposition des chercheurs, ont été proposées. La délégation ministérielle a informé l'assistance de la promotion du ksar de Kenadsa au rang du secteur sauvegardé.