Quatre P/APC de la région Sud de Djelfa, neuf employés de la CNAS dont le directeur de l'agence, deux prestataires de transport d'hémodialysés et six malades ont été présentés au parquet par la gendarmerie et ont été entendus ce mercredi, en qualité de témoins par la juge d'instruction près le tribunal de Messaâd dans une affaire de fausses factures, surfacturation, faux et usage de faux et complicité de détournement, ayant entraîner pour l'organisme des assurances sociales, un préjudice financier évalué à quelques centaines de millions de centimes. Au terme de l'instruction qui a duré toute la journée, quatre mandats de dépôt ont été délivrés pour l'instant aux deux transporteurs et à deux cadres de la Cnas, à savoir le sous-directeur des prestations et le chef du centre payeur de Messaâd, a-t-on appris hier. Une dizaine de personnes, entre autres des employés de l'état civil ayant délivré de faux certificats de résidence qui ont servi à ce détournement, devront répondre aux questions de la magistrate instructrice au cours de l'audition prévue pour aujourd'hui. Toutefois, si l'on se réfère à la multiplicité des infractions présumées commises et au nombre effarant de personnes convoquées par le parquet, tout porte à croire à un durcissement de l'affaire, voire même l'établissement d'autres mandats de dépôt ce même jour ou au cours de l'instruction qui se poursuit. Pour remonter la genèse de cette affaire, il faut savoir que les personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique sont considérées comme de grands malades. Et de ce fait, elles sont, autant de fois que la prescription médicale l'exige, entièrement prises en charge par l'état pour leur transport, assuré par des professionnels de la santé conventionnés avec la CNAS, de leur lieu de résidence à l'endroit le plus proche où est implanté un centre d'hémodialyse et ce, quel que soit le trajet. A cet effet, le montant de la facture est proportionnel à la distance parcourue par ces transporteurs agréés par le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière. Non contents d'engranger une moyenne de 10 DA par km parcouru par hémodialysé, ces derniers, par souci de rentabiliser le convoyage, viole la procédure en vigueur limitant le déplacement à un seul malade, voire deux au maximum par voiture. A noter que cette pratique, en usage depuis le lancement du premier centre d'hémodialyse de Djelfa en 1999, a généré d'importants bénéfices pour ceux-ci, mais qui ont vu progressivement leurs chiffres d'affaires diminuer, dès lors que la wilaya s'est dotée de trois autres centres à Aïn Oussara, Hassi Bahbah et Messaâd. En outre, leurs véhicules ne répondent pas non plus aux normes édictées par le cahier des charges, précisant que les ambulances doivent être médicalisées avec un infirmier à bord. S. F. et M. C., en l'occurrence deux des quatre personnes placées en détention provisoire, travaillaient depuis longtemps pour la Cnas en prenant en charge de nombreux malades habitant Messaâd ou ses environs immédiats, tout près donc du centre d'hémodialyse, mais qui étaient déclarés comme résidant dans des contrées situées très loin du centre, à l'instar de Guettara et d'Oum Laâdham. Aujourd'hui, il leur est reproché d'avoir encaissé indûment de l'argent public depuis des années, pour au moins huit malades sur des distances gonflées et pour un autre qui, lui, a toujours utilisé ses propres moyens. En contrepartie du silence des malades complices (dont certains d'entre eux ne sont plus de ce monde), ces transporteurs véreux leur versaient de modiques sommes, variables selon l'importance de la distance fictive, nous a fait savoir une source au fait de ce dossier. Selon celle-ci, une autre affaire stagnante touchant à une « exagération » de prix consentis par la CNAS à des entrepreneurs ayant réalisé des ouvrages et des réfections ainsi que dans l'entretien de bâtiments et l'acquisition de matériel informatique, risque à tout moment d'éclabousser davantage cet organisme .