A la surprise générale, l'ex-président de l'APN, Amar Saâdani, et l'actuel haut commissaire au développement de la steppe, Hammouche Taha, tous deux cités à comparaître devant la première chambre d'instruction près le tribunal de Djelfa dans le cadre d'une grosse affaire de dissipation de deniers publics, n'ont pas répondu hier, du moins jusqu'à 19h, à la convocation du magistrat instructeur en charge du dossier. Djelfa. De notre correspondant Le premier, dit-on, qui serait propriétaire, par personne interposée, d'une société au nom révélateur de Al Karama, allusion à la tournure sacrée du Président, aurait été aperçu à Djelfa le même jour. Trois jours auparavant, celui-ci avait rallié Djelfa, selon une source digne de foi, pour une « prise de la température » à propos de sa citation. D'autres personnes avancent même qu'il y est toujours chez un ami, entrepreneur de son état, résidant dans les 60 villas situées en face de l'hôpital. Quant au second, autant dire qu'il n'aurait pas donné signe de vie depuis mercredi dernier, c'est-à-dire après avoir eu connaissance de son assignation par le juge d'instruction. On raconte au sein de l'organisme dont il a la charge, le HCDS, un très grand morceau qui impose une présence constante, qu'il était parti sur Alger mercredi sans crier gare et, qu'hier, il était sur la route pour rejoindre son poste de travail, en vain à l'heure où nous mettons sous presse ! A noter que les deux précités, qui jouissent pour l'instant de la qualité de témoins selon le code de procédure pénale, risquent fort de voir se délivrer à leur encontre des mandats d'arrêt à l'issue d'un délai discrétionnaire du juge, rapporte-t-on. Alors que le PDG, mis sous mandat de dépôt mardi dernier et qui a formulé une demande de liberté provisoire, son cas sera examiné lundi 30 juillet par la chambre d'accusation. Cette affaire, qualifiée par certains observateurs d'affaire Khalifa bis, a été mise en branle par le ministère des Finances suite à des inspections effectuées par l'IGF et la Cour des comptes. Confiée à la gendarmerie il y a plus de deux mois, elle a été ensuite récupérée par le parquet de Djelfa qui en a ordonné la décharge jusqu'à l'instant où le PDG de la GCA, sur conseil de son avocat, se soit présenté à la brigade de gendarmerie de Aïn El Bel pour un dépôt de plainte et constitution de partie civile. Dès lors, la suite est connue puisqu'il a été déféré devant le PR puis le juge d'instruction, et incarcéré à la prison de Djelfa. Pour rappel, ce dossier qui défraie déjà la chronique fait état d'une dissipation financière de 4000 milliards de centimes, dont 140 concernent la seule wilaya de Djelfa. Plusieurs personnalités nationales, parmi elles des dignitaires du régime, sont impliquées directement ou à travers des sociétés écran. Une source nous a fait savoir que 46 convocations ont été lancées pour des auditions qui s'annoncent fastidieuses, car plusieurs infractions à la loi pénale ont été recensées dans l'enquête préliminaire et suite au constat de visu fait par la justice lors de déplacements effectués sur certains sites avérés nus, autrement dit n'ayant reçu aucun ouvrage alors que des décaissements ont été opérés en contrepartie. Au total, 140 cadres de la GCA et près de 300 entrepreneurs sont concernés pour les chefs d'inculpation de passation de marchés contraire à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d'ouvrages. Enfin, il faut signaler que c'est la juridiction de Djelfa, en l'occurrence le tribunal de Djelfa, qui s'est autosaisie entièrement de ce dossier.