Parce qu'on ne lui avait pas accordé l'importance qu'il fallait, la participation algérienne à l'opération marketing mondiale de classement et de reclassement des plus belles baies du monde a été un véritable fiasco. De tous temps classée « la plus belle du monde » sur les 13 premières féeriques mondiales, la baie de Tekkouche, depuis la nuit des temps, Herbillon sous l'occupation française, et Chetaïbi après l'indépendance, ne l'est plus pour les membres de ce club. Ils s'étaient réunis il y a quelques mois à Paris. Le représentant du ministère du Tourisme, qui devait fournir d'autres arguments réactualisant les informations du CBM et vanter les mérites de cette merveille naturelle nichée dans les côtes algériennes, était absent. Il a préféré faire du shopping en faisant l'impasse sur la réunion, sa mission. Cela s'est passé au moment même où du côté du ministère du Tourisme, on parlait de réorganiser, de réglementer, de stimuler le secteur du tourisme et les investissements, et de multiplier les opérations de marketing à l'échelle nationale et internationale. Ainsi, la baie de Chetaïbi, incluse sur la liste du CBM en octobre 2005, en Turquie, n'intéresse pas les investisseurs étrangers. L'autre anomalie : au lieu du ministère du Tourisme, c'est une ressortissante algérienne établie à Paris qui a présenté et défendu avec brio la demande d'adhésion auprès du club. Ce dernier est très influent au sein des tours opérateurs et des opérateurs économiques du secteur touristique mondial. Cette ressortissante avait eu l'aval des élus de l'APC de Chetaïbi, commune enclavée à 68 km au sud-est d'Annaba. « Ce n'est que récemment que nous avons appris que notre baie, qui était la plus belle du monde, a été classée 8e sur les 13 meilleures baies de la planète », commente M. Ali Laref, vice-président de l'APC de Chetaïbi. C'est avec leurs propres moyens et leur seule volonté que les membres de cette APC ont élaboré le dossier à transmettre au CBM. La direction du tourisme d'Annaba s'en était saisie. « Bien que ce soit nous, les enfants de Chetaïbi, qui avions tout préparé, on ne nous a même pas informés des résultats de la réunion du CBM à Paris, à laquelle a participé le directeur du tourisme de la wilaya », regrette Sebti Amirat, un autre élu. Chetaïbi, avec ses quelque 10 000 habitants et ses deux baies est et ouest encore à l'état sauvage, attendra d'autres années pour se développer. Même si, pour son aménagement, l'Agence nationale de développement du tourisme (ANDT) a initié une étude pour en faire une Zone d'extension touristique (ZET). Initialement, le projet avait été confié à un bureau d'études italien pour finalement atterrir entre les mains d'experts du groupe espagnol ARMAQ. « Des experts italiens et espagnols, ainsi que des hommes d'affaires nationaux et étrangers, ont visité notre zone. Ils ont promis d'investir dès que les aménagements nécessaires auront été réalisés. Depuis, plus rien. Aucun signe n'indique que l'aménagement de cette ZET est pour demain », a affirmé M. Laref. Des promesses et des engagements ont été maintes fois réitérés à l'occasion des visites de travail de wilaya ou ministérielles. Ils portent sur le lancement de travaux de viabilisation et sur l'alimentation de la zone en électricité, eau et gaz. Plusieurs années après, la situation est au point zéro.