Les Verts rentrent au bercail après une participation mi-figue, mi-raisin ; le Mondial continue sans nous désormais. C'est l'heure des bilans et des fameux enseignements. Trois jours après une élimination sans gloire, le sentiment de goût d'inachevé est toujours en travers de la gorge des Algériens. Les spécialistes et les non-spécialistes sont unanimes à dire que notre chère équipe nationale a raté une très belle occasion de rentrer dans l'histoire, convaincus qu'il y avait du potentiel chez ce groupe d'expatriés formé à l'école française. Il est clair que la déception est grande, car il y avait vraiment de la place à un formidable coup d'éclat dans un groupe où l'on était considéré comme des Petit Poucet. Et c'est pour cela que tout le monde en veut autant à l'entraîneur national, parti avec l'idée de limiter les dégâts ; il a vraiment tout tenté pour créer l'exploit, “bridant” le jeu de son équipe de par ses choix tactiques plus que critiqués, où il a tout fait pour qu'on soit bien en place derrière et de se débrouiller devant, confirmant du coup l'image qui lui collera à la peau depuis le fameux Mondial mexicain, à savoir avec l'option d'ultra-prudence. Cela dit, ce qui a offusqué l'opinion, ce sont les explications du Cheikh à propos de ce fiasco, alors qu'il avait cette fois-ci le temps de bien préparer son Mondial avec les joueurs qu'il voulait, et surtout des moyens beaucoup plus que conséquents mis à sa disposition par l'Etat algérien. Mais au final, il n'a pas pu faire mieux que sa dernière Coupe du monde, à savoir deux défaites et un nul, avec en sus un triste record cette fois-ci de zéro but. Heureusement qu'on n'est pas les derniers de la classe puisqu'on est avec le Honduras les deux seules nations à n'avoir pas pu inscrire un but pour l'honneur. “On revient dans une compétition après 24 ans d'absence, donc il ne fallait pas s'attendre à des miracles.” Etrange analyse à l'opposé de celle de maître Lippi, le montor italien champion du monde qui, avec beaucoup de classe et d'élégance, a fait son mea-culpa, assumant ses choix et surtout sa responsabilité, a contrario donc de Saâdane qui refuse toujours d'assumer son échec, préférant encore parler d'altitude et de qualité du terrain. Il essayera aussi de nous expliquer qu'il n'avait pas “sous la main de grands attaquants de pointe pour faire la différence”. Cela dit, nous, nous pensons pertinemment que c'est la manière de jouer vers l'avant qui est inexistante, avec une prise de risque zéro qui ne nous a pas permis de porter le danger chez notre adversaire. Faire porter le chapeau aux attaquants, c'est facile. Il peut bien nous faire croire que les Ghezzal, Djebbour et Matmour ne sont pas des attaquants racés. On rappellera à Mister Saâdane qu'au Mondial mexicain, avec la triplette Madjer-Assad-Belloumi, avec en sus Menad (qui dit mieux), tous en pleine maturité, il n'a pas pu faire mieux avec un seul but au compteur en trois matches, signé Zidane sur coup franc contre l'Eire. Etonnant, non ? C'est juste la limite d'un coach, une mauvaise habitude que les joueurs prennent avec Saâdane préoccupés à bien défendre qu'à bien attaquer, puisque sous sa coupe, on n'a jamais pu suivre un match, même amical, en toute sérénité. Et côté sérénité, on peut dire beaucoup de choses, à commencer par la gestion des humeurs du groupe et les frasques de certains cadres, mais cela est une autre histoire.