Le chômage, né essentiellement de la dissolution de nombreuses entreprises publiques et du « verrouillage » du monde du travail, est montré du doigt comme premier responsable de ce fléau. Celui-ci constitue en fait une véritable aubaine pour le secteur privé qui use et abuse d'une main-d'œuvre à très bon marché, non déclarée de surcroît. Ainsi, celle-ci est malléable à souhait donc complètement soumise, au diktat et aux pressions exercées par les employeurs. De ce fait, cette pratique hors la loi, en plus de leur permettre d'échapper au payement des charges sociales, échappe à tout contrôle visant au respect de la législation du travail. Pour tenter d'endiguer ce fléau qui a pris des proportions inquiétantes ces cinq dernières années, l'inspection régionale du travail, en collaboration avec les services de la sécurité sociale, a initié, durant le premier semestre 2004, des opérations de contrôle dans 810 organismes employeurs où 2707 travailleurs ont été répertoriés. « Parmi ces effectifs, 915 n'étaient pas déclarés », nous a révélé Aïssa Cheribet, inspecteur divisionnaire à l'inspection régionale du travail. Ce qui représente, ajoute-t-il, 33,8% de l'ensemble des personnels répertoriés. A titre indicatif, il faut savoir que les actions de contrôle entreprises en 2003 ont révélé 1067 travailleurs non déclarés, ce qui montre que la multiplication des opérations de contrôle a porté ses fruits en 2004 et qu'à terme, à défaut d'être éradiqué, ce fléau sera mieux cerné et mieux combattu. A ce propos, en se basant sur le résultat des investigations menées par sa structure au niveau de Constantine, l'inspecteur divisionnaire affirmera que les secteurs d'activité les plus affectés par le travail au noir sont les restaurants, les cafés, les hôtels, les boulangeries, etc. Grand fut notre étonnement, d'apprendre que cette pratique affecte également, et dans une très large proportion, un secteur d'activité considéré a priori comme « noble », à savoir les cabinets médicaux et juridiques censés représenter une image de marque de la société civile. Cela dit, au registre des infractions les plus courantes inscrites au passif de ces employeurs indélicats figurent le non-respect du SNMG, la non-délivrance de fiches de paye, la violation des règles d'hygiène et l'absence des registres réglementaires exigés par la réglementation du travail. A ce sujet, notre interlocuteur précise que « ces documents représentent la feuille de route d'un employeur. C'est en fonction de cette dernière que les agents de l'inspection du travail établissent leur constat ».