Plusieurs localités de la wilaya de Mila, connues pour leur vocation commerciale et l'envergure de leurs marchés publics, à l'image de Chelghoum Laïd, Tadjenanet, Teleghma et Oued Athmenia attirent, en ces temps de disette, une impressionnante cohorte de gosses quêtant pour des métiers aussi précaires soient-ils. Trottoirs, placettes publiques, marchés quotidiens et hebdomadaires, en passant par les stations de voyageurs sont désormais des lieux de prédilection pour ces essaims de mômes, vendant toutes sortes de marchandises. Un phénomène de société qui s'incruste insidieusement dans les mœurs des gamins, pour la plupart, lâchés par des parents qui, subsistance oblige, ne croient plus en les vertus de l'école. Une grande majorité de gosses issus de familles pauvres, ou qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins quotidiens, trouvent en ce créneau une aubaine pour tester leurs attributs de débrouillards, sur un terrain censé être chasse gardée des adultes. Loin d'en démordre, les petits chérubins, étonnamment entreprenants et que rien n'effarouche, se lancent bec et ongles dans ce no man's land pour gagner leur pitance. Tous les métiers sont remis au goût du jour, et les moindres opportunités de se procurer un peu de pognon sont exploitées. Revendeurs de journaux aux premières lueurs du jour, marchands de cacahuètes, tabac et cigarettes, bibelots, sandwichs, fruits et légumes, articles décoratifs et effets vestimentaires, les bambins de la rue, dont l'âge varie à peine entre 10 et 15 ans, s'en tirent plutôt à bon compte, ils ont d'extraordinaires capacités à s'adapter aux situations les plus complexes. Si le petit revendeur de journaux à la criée est fier des 150 à 200 DA qu'il a mérités, après avoir parcouru en long et en large les quartiers les plus reculés de la ville, les autres novices réalisent, sans coup férir, des bénéfices qui se situent dans la fourchette des 300 à 800 DA/j, selon qu'ils soient marchands ambulants de fruits et légumes, vendeurs d'amuse-gueules et de cigarettes, etc. Les effets de l'érosion du pouvoir d'achat Beaucoup s'accordent à dire que le syndrome des enfants qui s'adonnent précocement aux petits commerces de la rue, a commencé à voir le jour à l'aube de cette dernière décennie, marquée par la terrible crise socioéconomique qui a ébranlé tout le pays. L'érosion effrénée du pouvoir d'achat a fatalement déteint sur de larges pans de la société, surtout les couches pauvres et moyennes. A partir de là, la plupart des chefs de familles ne sont plus hostiles à se voir assister par leur progéniture, afin d'arrondir leurs fins de mois, et faire ainsi face à la cherté de la vie. Le besoin de faire face aux exigences de la vie devient, de ce fait, incontournable et indispensable. Beaucoup de pères de famille avouent ne pas voir d'un mauvais œil « le coup de pouce » de leur progéniture, surtout si le concours de ces derniers est sollicité pour venir en aide à des parents malades ou séniles.