Si dans le nord du pays, c'est une période préélectorale, celle des grandes migrations politiques, de répartitions des parkings et des contrats prépayés, dans le Sud, dans ce désert qui couvre les trois quarts du territoire, c'est tout simplement la période des vents de sable. C'est aussi la période la plus détestable pour Bouhous, jeune Algérien, donc chômeur, donc statique. Bouhous n'a pas le temps de profiter du printemps qu'en mars déjà il a du sable jusqu'aux genoux. En avril, Bouhous est déjà largement recouvert et le sable lui arrive jusqu'au cou. C'est à ce moment que Bouhous se pose la même question, comme chaque année à la même heure. S'il bouge, il risque de s'enfoncer et de disparaître sous le sable. S'il ne bouge pas, le sable risque de lui recouvrir la tête et il ne pourra plus respirer. En général, le temps que Bouhous trouve la solution, il fait déjà 50°, ce qui rend impossible tout mouvement, même sans sable. En général, c'est en septembre que Bouhous arrive à réfléchir. Un camion de sable coûte 10 000 DA à Alger. Un camion d'eau coûte 10 000 DA à In Salah. L'équation est insoluble. En décembre, Bouhous a déjà chaud parce qu'il pense à la saison prochaine. Les élections ? Ah oui, Bouhous a perdu sa carte de vote dans un vent de sable fin avril. Elle doit déjà être dans une autre wilaya.