L'oasis de Ouargla : Ouargla est une oasis, située dans la cuvette de l'erg oriental, à 5°5 de longitude et 31°8 de latitude. L'eau d'irrigation était extraite des nappes phréatiques et celles du miopliocene par des puits traditionnels utilisant le balancier. Leur nombre (250 à 300 puits) a décliné en raison du tarissement de la nappe, accéléré par l'introduction des premières motopompes. Comme partout au Sahara, l'eau appartient à celui ou ceux qui l'a (ont) fait jaillir, indépendamment de la propriété foncière. Le partage de l'eau entre les membres de la communauté se fait en unité de temps, selon la technique subtile des tours d'eau en cours dans de nombreuses oasis. Un même propriétaire peut avoir des parts sur plusieurs puits, parfois éloignés de sa palmeraie, ce qui entraîne des réseaux de rigoles très enchevêtrés. En substituant les puits classiques par les forages de la nappe albienne, le débit disponible dans l'ensemble de l'oasis a doublé. L'irrigation abondante par submersion, conjuguée à un drainage insuffisant, a engendré d'énormes quantités d'eaux excédentaires. Cet accroissement des flux d'eau n'est pas sans conséquences sur la remontée de la nappe phréatique et le phénomène de salinisation des terres que connaît aujourd'hui la région. Les palmeraies souffrent de ces phénomènes et plusieurs jardins ont rendu I'âme. L'oasis du M'zab : Située sur un plateau rocheux de 300 à 800 m d'altitude, située entre 32° à 33°20 de latitude nord et de 2°30 de longitude est, les Mozabites ont défié l'aridité de cette vallée grâce à la maîtrise des crues de l'oued M'zab et de ses affluents. En amont de Ghardaïa, un barrage de dérivation ainsi qu'un ensemble de diguettes, stockent et canalisent les eaux de l'oued vers des canaux souterrains. Ces derniers sont munis d'ouvertures calibrées assurant une répartition équitable de l'eau aux jardins des différents quartiers. Ces canaux s'étendent sur des centaines de mètres. Les débits sont estimés en fonction du nombre de palmiers, afin que chaque jardin reçoive la quantité d'eau qui lui revient de droit. A la palmeraie, l'irrigation constitue l'essentiel du travail, le puisage de l'eau des puits. complète l'irrigation. L'eau retirée du puits, à la force des bras ou par traction animale, est déversée dans un bassin aménagé à proximité, à partir duquel des seguias conduisent l'eau vers les différentes parties du jardin. Cependant, la découverte de la nappe albienne vers la fin des années 1930 et la mise en place d'une infrastructure hydraulique moderne s'est traduite par d'importantes transformations économiques et sociales. La propagation de l'utilisation des groupes motopompes et les extensions urbaines anarchiques ont accentué le tarissement de la nappe phréatique, compromettant la production agricole vivrière. La palmeraie est reconvertie en zone d'habitat et le ratio de palmier dattier par habitant est passé de 5 en l966 à 0,5 en 2001. L'oasis des ghouts : Les oasis basées sur l'utilisation des ghouts sont fréquentes dans l'erg oriental dans la région du Souf (6°53 de longitude, 33°22 de latitude). Le principe repose sur la réalisation d'une cuvette concentrique, d'une dizaine de mètres de profondeur par rapport au niveau initial du sol. L'excavation du sable hors de la cuvette se fait manuellement par les hommes (les rammals). Le creusement s'arrête à l'approche du toit de la nappe. Au fond de la dépression, on y installe la palmeraie. Les racines du palmier baignent alors dans les horizons humides du sol, alimentés par capillarité depuis la couche saturée. Ainsi, sans avoir recours à une mobilisation d'eau classique, souvent budgétivore et à un quelconque système conventionnel d'arrosage, des milliers de palmiers s'y développent et créent une base de vie oasienne autonome. L'avantage de cette technique originale permet de créer un microclimat à l'abri des siroccos où se développent d'autres cultures. Néanmoins, ce procédé exige un entretien permanent d'évacuation des dépôts de sables, sinon la palmeraie serait engloutie sous des tonnes de sable déposées par les tempêtes. Les visiteurs de la région peuvent remarquer des ghouts noyés jusqu'au « cou » dans le sable, laissant émerger à peine quelques palmes au-dessus de la surface du sol. Ce sort est de plus en plus fréquent, en raison du manque de main-d'œuvre à entretenir régulièrement la palmeraie et de l'abandon du travail collectif : la touiza. Le développement des forages de plus en plus profonds en exploitant la nappe du miopliocène et ensuite celle de l'albien, a favorisé une consommation d'eau effrénée. La dotation de 700 l par habitant et par jour, soit deux fois la norme européenne, a été fatale pour la région, ayant pour conséquence la remontée de la nappe phréatique. En effet, contrairement à la signification générique d'EI Oued, dans cette région endoréique de 70 m d'altitude, il n'existe pas d'émissaire naturel d'évacuation des eaux. Le manque d'un réseau de drainage a favorisé la remontée de la nappe, tant tous les rejets d'eau domestique industrielle et agricole s'y ajoutent régulièrement. La capacité d'épuration naturelle du sol est devenue insuffisante à cause de la démographie. L'agriculteur au fond de son ghout était le premier concerné par cette remontée. il doit contrôler en permanence le niveau de la nappe et procéder à un pompage de l'eau, hors du ghout en cas de surélévation. Plusieurs oasis sont déjà mortes par asphyxie, et des milliers d'emplois directs ont disparu. La pollution qui s'en est suivie a augmenté les risques d'épidémie. Si des solutions ne sont pas apportées à temps, la région vivrait une catastrophe par la disparition totale des oasis ayant survécu en tant que bases de vie durant des milliers d'années. La ville d'EI Oued et ses communes peuvent également s'enfoncer inexorablement dans le sol. Un mégaprojet est lancé ces derniers temps par les pouvoirs publics pour endiguer ce phénomène, en évacuant les eaux excédentaires vers le chott limitrophe de Halloufa. Il constitue un espoir pour les populations locales et la survie de l'oasis. L'enveloppe financière de l'étude s'élève à 30 millions, celle de sa réalisation à 26 milliards de dinars (El Watan, 20 mars 2006). Les rejets urbains que collectera le réseau d'assainissement vont transiter par une station d'épuration de 250 000 équivalent habitants avant de se jeter à 50 km plus loin. L'oasis des foggaras : Les oasis du Touat et d'Adrar (1°3 de longitude et 28°14 de latitude) se distinguent par une autre technique d'exploitation des eaux souterraines. Un système de captage des eaux souterraines par gravité, autrement dit un puits horizontal, connu sous le nom de foggara en Algérie. Elle est d'origine perse, où l'oasis d'Irbil semble être la première à la fin du VIIe siècle av. J-C à utiliser cette technique. Elle s'est propagée ensuite en Inde et en Chine. En Afrique du Nord, elle a été introduite par les musulmans almoravides au cours du Xe et XIe siècle. En Algérie, la foggara s'est développée dans les régions sud-ouest du pays où les conditions hydrogéologiques et topographiques sont idoines à ce type de captage. Les eaux de la nappe sont drainées jusqu'au point bas où l'eau émerge à la surface du sol. Pour augmenter le débit à l'exutoire ou quand la foggara est morte, il est nécessaire d'allonger la galerie à l'amont ou de multiplier le nombre de bras des galeries drainantes. Le nombre de foggaras actives en Algérie s'élève à 572, totalisant I377 km de linéaire et un débit global de 2 942 I/s susceptible d'irriguer 3000 ha. Le système de gestion des eaux captées par la foggara a nécessité la mise en place d'un cadre juridique et technique très élaborés. Il est l'émanation du niveau social, culturel, et géographique de l'époque de la création de l'oasis. La propriété de l'eau est acquise à celui qui, par son travail ou ses deniers, a contribué à la réalisation de la foggara. Chaque individu est propriétaire d'une part d'eau proportionnelle à sa contribution. Le détenteur d'un droit d'eau peut en faire usage, le vendre ou le louer pour une période déterminée ; il peut également en faire associer d'autres usagers. Comparé au mode d'exploitation par puits, la foggara offre l'avantage de fournir une eau en permanence par gravité, ce qui sous-entend en toute gratuité. Les contraintes techniques et économiques sont épargnées. Cependant le débit continu pouvant atteindre 400 I/s, est un inconvénient majeur, car il entraîne beaucoup de pertes en période de non-utilisation. Le système de la foggara a survécu en Algérie durant une dizaine de siècles, il continue à fonctionner mais son déclin semble être inévitable. Les mutations régressives s'expliquent par la croissance démographique, la surexploitation des ressources en eau, et l'urbanisation. Les dangers persistent pour certaines oasis, telles que celles du Touat-Gourara, où le système séculaire de mobilisation de la ressource hydraulique se trouve menacé par les prélèvements abusifs par les forages. La délimitation d'un périmètre de protection de la nappe de la foggara ainsi que le contrôle des doses d'irrigation pourraient constituer une solution salutaire, évitant le phénomène d'assèchement. L'agriculture oasienne constitue non seulement la principale ressource des populations locales mais aussi une économie autonome qui leur a permis de survivre dans un territoire vaste et austère. Depuis des millénaires, la gestion de l'eau propre à chaque oasis a réussi à maintenir un équilibre entre des ressources hydriques rares et des besoins alimentaires croissants. L'intrusion du monde moderne dans l'oasis par le biais des moyens technologiques, par la motorisation et l'industrialisation « pétrolière » a provoqué des bouleversements importants. Le mode de vie urbain s'est installé dans l'oasis en pervertissant la typologie oasienne. Le travail agricole s'est réduit au profit du secteur secondaire et tertiaire. La quasi-totalité des oasis algériennes a été transformée en villes ou a été abandonnée. L'agriculture de subsistance dans les oasis s'est substituée d'une agriculture de marché. Les conséquences se manifestent par l'assèchement des nappes, par la remontée de la nappe superficielle et par la salinisation des terres agricoles. Les graves déséquilibres causés aux écosystèmes oasiens réputés fragiles menacent la totale disparition des oasis. L'effort consenti par des générations pour créer la vie et la maintenir dans le désert est abandonné et, dans certains cas, c'est la désertification qui s'enclenche. La désertification Les causes de la désertification sont surtout le résultat du comportement de l'homme. La surpopulation tout comme l'abandon du milieu désertique vital provoque une influence directe. Le changement du mode de vie peut s'avérer fatal également pour le fragile équilibre du milieu. Le nomadisme associé à la transhumance est un mode de vie adapté aux zones arides. Les hommes et leurs bêtes, adaptés aux spécificités du désert, leur permettent de se déplacer pour rechercher de nouvelles potentialités alimentaires. Ces animaux, qui transforment leur nourriture végétale en viande, en lait, en laine largement suffisants pour les divers besoins des transhumants. La sédentarisation et l'urbanisation nordique est l'antithèse de cette pratique. Le déboisement la déforestation et le surpâturage appauvrissent les sols qui perdent leur matière organique, ce qui raréfie la végétation et réduit la couverture végétale. Les sols dénudés deviennent vulnérables et sensibles à l'érosion. Ils sont emportés par les tempêtes et par les crues soudaines des cours d'eau. Le bétail et la faune régressent, les revenus diminuent, la pauvreté et la faim s'installent. Les grandes migrations s'engagent pour la survie. Elles deviennent à la fois causes et conséquence de la dégradation des sols. Le réchauffement climatique global et le phénomène de l'effet de serre sont d'autres facteurs de désertification, mais leurs origines sont attribuées à l'homme. Les variations régionales et globales des températures à la surface des mers sont étroitement liées aux cycles de pluie. C'est le cas du phénomène El Nino et de son opposé La Nina. Le phénomène résulte d'une augmentation inexpliquée de la température des mers, ce qui engendre une inversion de la direction des courants d'air. Les vents humides se dirigent paradoxalement vers la mer et la sécheresse s'accentue sur les terres. Inversement La Nina s'accompagne d'inondations démesurées. Les pays pauvres s'ils sont capables de comprendre ces phénomènes, ils ne sont pas en mesure d'apporter des solutions. La désertification est un processus dynamique qui s'observe dans les écosystèmes secs et fragiles. Elle est causée par des interactions complexes entre facteurs physiques, biologiques, culturels, sociaux, économiques et surtout politiques. Les solutions de l'espoir Le développement durable des oasis reste intimement lié au respect des écosystèmes steppiques, oasiens et sahariens et la sauvegarde de leurs ressources rares. La réalisation de ces objectifs nécessite des investissements spécifiques importants. L'Etat est conscient de la dégradation. Il répond par une volonté politique qui vise la réduction des disparités socioéconomique la restauration des conditions de vie propices à la stabilisation des établissements humains. Cette politique est financée par un Fonds spécial pour le développement des régions du Sud (FSDRS) institué dans le programme de la loi de finances de 1998, dans son article 85, géré par un conseil multisectoriel. Le fonds est alimenté grâce à un prélèvement annuel de 1% de la fiscalité pétrolière. Les recettes cumulées depuis l'instauration à 2001 s'élèvent à 21,4 milliards de dinars et les programmes commencent à peine de se concrétiser. La vie des oasis pourrait être maintenue par une gestion spécifique à chaque type d'oasis, basée sur une gestion rationnelle des ressources en eau, sur un dispositif d'observation, de suivi et de prévention du risque écologique qui menace en permanence le patrimoine phoénicicole et compromet la stabilité des populations et l'inexploitation des opportunités touristiques et artisanales des oasis.Les nations ont pris conscience de la gravité du phénomène et ont décidé d'agir ensemble contre la désertification sous l'égide de l'Unesco. C'est à Paris, en 1994, que la convention des nations unie sur la lutte contre la désertification a été adoptée. Elle est ratifiée par l'Algérie le 22 mai 1996, parmi les 172 pays. Cette lutte internationale consiste à apporter un soutien technique et logistique aux populations locales afin de prévenir, stopper et améliorer les zones arides en vue d'un développement durable. L'information et la sensibilisation sont les étapes les plus importantes. L'aide contre la désertification peut être apportée par une autre convention, élaborée par le centre du patrimoine mondial de l'Unesco. C'est la convention sur la protection du patrimoine mondial naturel et culturel, particulièrement des zones arides. Cette convention adoptée le 16 novembre 1972 est signée à ce jour par 159 pays dont 38 en Afrique. La convention du patrimoine mondial est un aspect particulier de la lutte contre la désertification. Chaque pays, en la ratifiant, s'engage à protéger l'ensemble de son patrimoine national, qu'il soit ou non reconnu comme patrimoine mondial. La convention est à ce titre une double protection, nationale et internationale. Les pays concernés ont tout à gagner en saisissant cette opportunité et proposer leurs sites à protéger. à ce jour (en 2000), sont inscrits comme patrimoine mondial, 630 sites dont uniquement 3 dans les zones arides : celui d'Ichkeul en Tunisie, d'Air, du Ténéré au Niger et celui du Sud-Sinaï en Egypte. En milieu semi-aride, le mont Atlas au Maroc est le seul bénéficiaire. Quelques sites sont proposés par des pays comme le Soudan, l'Egypte, le Maroc, la Syrie, le Liban et le Yémen ; ils sont en voie de reconnaissance internationale.