Les wilayas de Khenchela, Oum El Bouaghi, Tébessa, Souk Ahras et Guelma devaient constituer un pôle de pêche continentale et de ressources halieutiques ; l'installation d'une direction régionale le 31 décembre 2001 à Guelma, qui avait pour rôle la vulgarisation de cette pêche et la création des fermes aquacoles, a échoué dans sa tranche 2001-2004. Un nouveau programme pour soutenir le projet est en place jusqu'à l'horizon 2009. En effet, pour le programme de soutien à la relance économique 2001-2004, 19 dossiers d'investissement ont été recensés, à savoir 3 projets de centres de pêche, 11 pour la commercialisation, 3 pour l'acquisition d'équipements pour la pêche continentale et 2 fermes aquacoles. Aucun ne verra le jour dans les délais impartis. Dans l'actuel programme de soutien à la croissance 2005-2009, il est prévu un appui à 14 projets, nous déclare Hadada Rabah, nouvellement installé à la tête de la direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Guelma et chapeautant également celles d'Oum El Bouaghi, Khenchela, Tébessa, Souk Ahras.Il ajoutera, entre autres, que le coût global des projets est de 161 400 000 DA, avec un soutien financier de l'Etat à hauteur de 48 420 000 DA. Il est prévu aussi la création d'un centre de pêche à Hammam Debagh, dans la wilaya de Guelma, d'une capacité de production de 50 tonnes de poisson par an, et des unités d'exploitation moins importantes en tonnage, de l'ordre de 5 tonnes par an, avec deux exploitations chacune pour Souk Ahras et Oum El Bouaghi ainsi que deux autres à Guelma et Khenchela, la création de six fermes d'élevage de poisson d'eau douce, dont deux à Guelma et Souk Ahras et une à Tébessa et une à Khenchela. Notons également qu'une unité d'exploitation d'artémia (espèce de petit crustacé), verra également le jour à Oum El Bouagui. Beaucoup de projets donc pour ce pôle halieutique régional, mais des contraintes existent à tous les niveaux, nous dira le directeur de la pêche, dont le manque d'intérêt pour ce secteur de la part des jeunes spécialisés en aquaculture et sortant des universités. Des millions d'alevins et larves ensemencés Très peu, ou pas du tout d'engouement de la part des promoteurs, mais il y a aussi le problème des mœurs culinaires à soulever, car la consommation de poisson d'eau douce n'est pas en vogue dans cette région du pays. D'autres entraves, et pas des moindres, viennent s'ajouter, tels le manque d'eau et l'envasement au niveau des retenues collinaires des petits et moyens barrages. Néanmoins, il a été procédé le 24 mars 2007 à l'inscription d'un centre de pêche au niveau du barrage de Babar à Khenchela pour un montant de 1,5 milliard de centimes, avec un espace de conditionnement et de dégustation ainsi qu'une ferme aquacole à Tébessa d'une capacité de production de 50 tonnes par an de poisson pour un montant de 5 milliards de centimes. Cela étant, la carpe argentée et la carpe grande bouche, espèces de poisson d'eau douce, ont été ensemencées dans les différents barrages du pôle halieutique guelmois. De précédentes et plus récentes opérations ont permis le déversement de 1 200 000 alevins au niveau du barrage de Hammam Debagh dans la wilaya de Guelma. Pour Khenchela, le barrage de Babar et celui Foum El Gueiss ont tous deux vu l'ensemencement de 200 000 spécimens chacun. A Aïn Dalia, dans la wilaya de Souk Ahras, 1 000 000 d'alevins y ont été déversés. En ce qui concerne les barrages dits moyens, celui de Medjez El Bgar dans la commune de Aïn Makhlouf -wilaya de Guelma-, 1000 alevins y ont été déversés en 2001. Cette même opération a été reproduite et répétée au niveau de la retenue collinaire d'El Gaftha, dans la commune de Nechmaya, pour atteindre 152 000 larves ensemencées en 3 opérations successives. A Oum el Bouaghi, la retenue collinaire d'Ourkis a reçu, quant à elle, 450 000 larves de carpe en 2005. 50 000 DA/an la concession La situation est telle que la direction régionale de la pêche et des ressources halieutiques incite l'ensemble des autorités locales, tourisme, DRAG, DHW, DJS, gestionnaires des barrages... des différentes wilayas chapeautées et à leur tête leurs walis respectifs, à promouvoir et encourager la création d'associations de pêche récréative ou de loisir au niveau des barrages et l'organisation de concours de pêche. Les walis de Khenchela et de Souk Ahras ont fait part de leur disponibilité en ce sens. En parallèle, le premier responsable de ce pôle s'engage à faciliter l'obtention des concessions pour la pêche au niveau des barrages, à raison de 50 000 DA par an. Pour les embarcations, il existerait une nouvelle réglementation liée à l'immatriculation des barques activant dans les barrages, en commission mixte avec la direction des transports. Pour le matériel, il suffit, nous dit-on, de constituer un dossier. Rien d'extravagant : faire l'acquisition d'une barque dont l'envergure avoisine les 4,80 m et un kit de filet de pêche, moyennant une facture proforma. Mais là où rien ne va plus, c'est l'étude du projet que devra remettre le postulant. Cette pièce, pour ainsi dire maîtresse, est la clé de tout, « car des bureaux d'études fiables , s'avance à dire le directeur de la pêche, il n'y en a pas beaucoup dans la région et sont sujet à controverse et même à ajournement ». Hammam Debagh sous-exploité Situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Guelma, le barrage de Hammam Debagh d'une profondeur maximale de 86 m et d'un apport annuel de l'Oued Bouhamdane, estimé à 112 hm3, pour une superficie totale de 1070 km2 et pour une capacité totale de 220 hm3 d'eau, est pour le moment le plus important plan d'eau de par sa superficie et sa capacité au niveau du pôle guelmois. L'unique concessionnaire au niveau du barrage a réalisé une production de 1450 kg de carpe durant la saison 2006, soit de janvier à mai 2006, concernant cette variété de poisson, une production insignifiante si l'on se réfère à la population de carpe introduite (1 200 000 alevins) et autres espèces naturelles. Entre un taux de mortalité de 50% des alevins ensemencés et le reste atteignant un développement optimal, il est certain que le barrage de Hammam Debagh abonde en poisson. Afin de procéder à une quantification de la population de carpe, la direction de la pêche fait actuellement appel au département de biologie de l'université de Guelma pour un travail dans ce sens. Le manque d'expérience en matière de pêche continentale, car plutôt artisanale, ainsi que la profondeur du barrage, réduisent considérablement la production. Encore faudrait-il que d'éventuels investisseurs intéressés par la concession, viennent exploiter cette richesse. « A raison de 20 à 25 kg par pièce de carpe et 5 kg pour la pièce de barbeau, il y a de quoi manger à sa faim pendant plusieurs jours et à moindre coût », nous avoueront certains riverains de Hammam Debagh.