Après Constantine, le jazz s'invite à Alger pour un mini-festival, les 2, 3 et 4 mai prochain, à la salle Ibn Zeydoun. Assema jazz, c'est trois soirées et cinq formations pour un mini festival concocté par l'association Limma, sous le patronage du ministère de la Culture. Au programme, du sang neuf, de la maturité, de l'improvisation et de la démonstration. Chacune des formations a ses spécificités et son histoire, mais aussi sa propre ambiance. Pour commencer la première soirée, un groupe méditerranéen, Sinouj, que le public d'Alger a déjà applaudi, lors du festival européen, sur la même scène en 2005. La dernière pour son leader, Aziz Djemam, décédé deux mois plus tard. Ce dernier, très estimé dans le monde du jazz, continue à vivre à travers « AlgerConstantine », Majazz, Bagdad... et bien d'autres titres du groupe qui enregistre actuellement son premier album. C'est que Sinouj a acquis plus de maturité et ses membres sont plus liés sur scène. En seconde partie, la scène sera cédée à Rolex, que le public constantinois a pu découvrir en 2004 en quartette et réapprécié cette année encore avec d'autres musiciens. Le leader et néanmoins saxophoniste et compositeur de Rolex, Sylvain Cathala, est considéré comme le plus talentueux et novateur des jazzmen de l'Hexagone. La deuxième soirée de Assema jazz accueillera un nouveau venu sur la scène du jazz algérien : Mauress, composé de quatre musiciens qui jouaient du métal avant d'être « victime » de la dynamique Dimajazz. En effet, après plusieurs masterclass donnés par de grands musiciens à Constantine et des stages en Belgique et au Maroc, le son métal s'est transformé en jazz. Et ce sera la première scène du groupe en première partie du quartette de Mamdouh Bahri qui était également sur la scène du théâtre de Constantine dernièrement. Le guitariste tunisien développe un jazz méditerranéen, alliant aussi bien l'harmonie occidentale et la douceur orientale. Et pour finir Assema jazz en beauté, la scène Ibn Zeydoun accueillera deux grands noms de la scène internationale : le guitariste N'guyen Lê et le bassiste Etienne M'bapé. Deux habitués du Dimajazz qui ont enflammé les Constantinois avec Celebrating Hendrix, sur voix de Kathy Renoir (superbe voix et sublime danse !). Une chose est sûre, Alger ne résistera pas au spectacle, encore moins face à Voodoo Chile (l'une des plus célèbres chansons de Jimmi Hendrix), en version jazz. Le résultat est spectaculaire. Lors du Dimajazz de 2006, ce morceau avait duré près d'une demi-heure durant laquelle les spectateurs étaient littéralement déchaînés. Ça promet ! Que du beau monde pour le public de la capitale qui assistera à de véritables spectacles. Au-delà des improvisations, Assema jazz est aussi un combat contre l'obscurantisme : quelques semaines après les attentats d'Alger, il fallait de solides arguments pour convaincre des musiciens étrangers de venir y jouer. Une fois de plus, la musique est plus forte que tout, le jazz dépasse toutes les frontières…