Le tribunal de Béjaïa a ouvert hier le procès du terroriste arrêté en septembre dernier, armé d'un pistolet automatique (Beretta), à un arrêt de bus à la place El Qods au centre-ville de Béjaïa et celui des 15 personnes accusées de soutien aux groupes terroristes activant dans la région. Dadou Mustapha, alias Zayd, 36 ans, militant de l'ex-Fis, originaire de Sidi Daoud, dans la wilaya de Boumerdès, a fait un long parcours qui l'a amené, après son adhésion en 1994 à l'ex-AIS, de sa ville natale vers Béjaïa qu'il a rejointe en janvier 2004 comme « nouvelle zone » en passant par les maquis du Djurdjura et de Batna. Il a joint un groupe de 20 éléments basé à Beni Ksila, sous la coupe de l'émir Soheib, de son vrai nom Guelmi Rachid, qui a été abattu le 28 mars dernier lors de l'opération de ratissage dans la région de Merdj Ouamane à Amizour. L'opération de bouclage de tout le périmètre d'Amizour a été déclenchée à la faveur de précieux aveux qui ont aussi conduit les services de sécurité à la découverte, dans la ville de Béjaïa, de dépôts de matières devant servir à la confection de bombes et au démantèlement d'un réseau de soutien. Cinq fois condamné par contumace, dont deux à la peine capitale, Dadou Mustapha a révélé avoir quitté la zone de Beni Ksila en février 2004 pour être chargé de la collecte de fonds et faire partie d'un groupe de six personnes qui constituaient un « poste avancé » dans la ville de Béjaïa chargé également d'approvisionner le groupe de Soheib en effets vestimentaires et denrées alimentaires. Pour rappel, les éléments des services de sécurité ont dû user de leurs armes pour l'arrêter au niveau de la place El Qods. Parmi les six éléments constituant son groupe, il indique qu'au moment de son arrestation seul un certain Abou Bassir, originaire de Lakhdaria, était encore dans la ville, le reste ayant rejoint le maquis. Essentiellement la forêt de Béni Ksila, à partir de laquelle katibat Tarik Ibn Ziyad (le groupe) a préparé, en juin 2004, l'attentat meurtrier de Oued Dass et celui, en 2006, contre une patrouille de la BMPJ à El Kseur. L'accusé a pris part à l'enlèvement, au nom du GSPC, du propriétaire d'un complexe avicole à Boukhelifa qui a été libéré après le payement d'une rançon de 9,5 millions de dinars. La victime qui, hier racontait les faits, avait les larmes aux yeux, a été kidnappée le 23 décembre 2005 et emmenée vers les hauteurs du village Sebt Akdim, à Amizour, soit là où les forces combinées ont découvert et détruit, en septembre et en mars derniers, des casemates. Selon le terroriste arrêté, en plus des trois dépôts découverts en septembre dans la ville de Béjaïa avec, entre autres, 300 jerricans remplis de matières liquides à effet explosif, un autre local a été loué dans la ville d'Akbou pour les mêmes objectifs mais resté non exploité. Pour les besoins de ses activités, Dadou Mustapha dit avoir été hébergé chez un habitant de Dar Djebel et a bénéficié de la connaissance de la région d'un certain Younès, présenté comme un trait d'union dans différentes opérations qui ont amené le groupe à exiger des dîmes à leurs victimes, dont un patron d'une semoulerie à El Kseur qui nie s'être soumis à l'exigence des terroristes. Le procès, le premier du genre au tribunal de Béjaïa, s'est poursuivi en fin de journée d'hier.