La célébration du 1er Mai, fête du travail, intervient dans une conjoncture où la question du revenu pour les travailleurs se pose avec acuité. Le problème des salaires impayés qui n'a pas été résolu jusqu'à présent – même si le secrétaire général de l'UGTA a annoncé son règlement dans les prochains jours, après les assurances données par le chef du gouvernement – constitue un indice dans la gestion bureaucratique des questions sensibles comme celle des salaires. Il suffit de revenir plusieurs années en arrière pour retrouver les mêmes déclarations concernant « la prochaine résolution du problème des salaires impayés ». Certains dossiers traînent depuis la fin des années 1990, selon des sources syndicales. L'application des dernières mesures d'augmentation du SNMG est retardée encore, même si dans de nombreux secteurs d'activité on a vite fait de répercuter cette mesure sur les prix sans pour autant l'appliquer sur la fiche de paie. Le chômage, malgré son recul, reste un fléau générateur de maux qui affectent les fondements même de la société. Et c'est peut-être cette importance même du chômage qui fait que la question des salaires soit ravalée au second plan, alors qu'elle est déterminante pour la croissance de l'entreprise et le développement de l'économie. Si le travail et, partant, un salaire stable peuvent offrir un statut social et aider à intégrer l'individu, la question du revenu en elle-même reste un paramètre déterminant dans la création des richesses et la rentabilité de l'entreprise. Deux exemples récents illustrent le lien entre la croissance d'un secteur, son développement et la politique des salaires. L'opinion a tendance à s'émerveiller devant le travail fourni par les entreprises chinoises dans le secteur du bâtiment, aussi bien pour la qualité que pour le respect des délais. Or, lorsqu'on compare les salaires des ouvriers chinois avec les salaires de leurs homologues algériens dans le même secteur d'activité, on devine tout de suite où se situe le secret chinois – s'il y en a un. C'est aussi valable pour le management des projets et la politique de désignation des managers, des responsables d'entreprise et de projets. La « dechra » et l'appartenance au clan prennent souvent le dessus sur la compétence. L'autre exemple vient de la compagnie nationale des hydrocarbures qui a compris, après un grand exode de plusieurs dizaines de foreurs vers les pays du Golfe et celui des spécialistes du GNL vers le Qatar, que la politique des salaires reste déterminante. Sauf que même lorsqu'elle a décidé de mettre en place un nouveau système des salaires pour mieux payer les métiers stratégiques avec une partie fixe et une partie variable du salaire, son application prévue au mois de janvier tarde à se concrétiser. Le caractère rentier de la gestion des affaires rend encore plus difficile la mise en place des mécanismes modernes qui permettront de favoriser la création des richesses et empêcher les déperditions.