Hadj Bensaada Kerdjou, 81 ans, demeure jusqu'au jour d'aujourd'hui, sans conteste aux yeux de beaucoup de patriotes, le seul homme politique de Tiaret qui n'a pas eu les faveurs de la notoriété officielle, en dépit de son long parcours incontesté en tant que militant de la première heure, dont il a été un élément distingué de l'organisation secrète et, partant, l'un des rares rescapés du retentissant procès de l'OS, tenu à Oran le 6 mars 1951. Effacé de la scène politique, courtois, oublié par les uns et les autres, il n'en reste pas moins un symbole vivant de l'histoire glorieuse du peuple algérien affranchi du joug colonial au prix d'une longue lutte. Arrété en 1945, à l'âge de 19 ans, avec beaucoup d'autres compagnons de lutte, il reprend ses activités au sein du PPA, dès la création de la section locale de Tiaret, à l'instigation de Benbella. Kerdjou Bensaada milita activement jusqu'à son arrestation en 1950 et sa mise en détention à la prison d'Oran. Transféré à à Serkadji, à Alger, le 24 mai 1951, sur ordonnance de la Cour d'appel, Bensaada avait retrouvé des prisonniers de renom, tels Ahmed Zabana, Benhadou Bouhadjar (commandant Othmane), Hamou Boutlelis, Abane Ramdane, Ali Bekhatou ainsi que l'incontournable Ould Ibrahim Said, celui-là même qui sera le premier maire de Tiaret après l'indépendance. Ployé par la force de l'âge, El Hadj Bensaada Kerdjou « continue de vivre avec ses souvenirs » et « pleure ses amis tombés au champ d'honneur ». Il dit « remercier Dieu » en dépit de l'indifférence et de l'ingratitude, lui qui n'a rien demandé, ni obenu des médailles, encore moins d'avantages. N'est–il pas temps de lui rendre un hommage digne de sa stature ?