C'est sous un silence religieux que nous avons assisté au palpitant procès jugé hier par le tribunal de Jijel concernant l'affaire opposant le wali de Jijel au quotidien El Watan, représenté par son directeur de la publication, Omar Belhouchet, et l'auteur de la chronique incriminée, Chawki Amari. Ce procès intervient après le jugement par défaut prononcé le 24 décembre 2006 contre lequel le journal a fait opposition. Après deux reports, cette fois-ci la confrontation a eu lieu en présence des accusés défendus par Me Zoubeir Soudani ainsi que des maîtres Leghrib et Hirèche représentant la partie plaignante. Les avocats de la partie civile ont insisté sur les accusations d'outrage et de diffamation, en soutenant que le wali a été touché dans sa vie privée et sa vie familiale. Le directeur de la publication Omar Belhouchet s'étalera sur la particularité de ce genre journalistique qu'est la chronique, ajoutant que la presse ne peut détourner la tête des problèmes qui secouent la société. Me Soudani a, quant à lui, présenté des moyens de défense argumentés tant au niveau de la forme que du fond. Sur la forme, l'avocat du journal a axé sa plaidoirie sur l'irrecevabilité de la plainte du fait de certaines irrégularités en matière de procédure. Concernant l'accusation d'outrage, l'avocat de la défense dira que le plaignant n'est pas autorisé à faire une citation directe contrairement à la diffamation. Cette citation, ajoutera-t-il, est assujettie à une autorisation du parquet général qu'il n'a pas eue. Sur le fond, il précisera qu'il s'agit d'une chronique d'un journaliste de bonne foi puisqu'il n'a aucun problème avec le wali et qu'il agit dans l'exercice de ses fonctions. Me Soudani, qui a rappelé que la source d'information est protégée, est revenu sur la véracité de l'information concernant le véhicule tout-terrain après la présentation par les avocats de la partie plaignante d'un inventaire des véhicules de la wilaya. Pour la défense, il s'agissait d'un véhicule d'une société italienne, dont le directeur en Algérie a été écroué dernièrement à Alger ; ce véhicule a été acquis dans le cadre d'un marché public, et il revenait au parquet d'ouvrir une enquête pour faire éclater la vérité. Les avocats de la partie civile ont demandé 5 millions de dinars de dommages et intérêts pour chacun des deux journalistes d'El Watan. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a requis deux ans de prison ferme et 5 millions de dinars pour chacun des deux accusés. L'affaire a été mise en délibéré pour le 27 mai.