C'est grave, très grave ! La cour d'appel de Jijel a rendu hier sa décision dans le procès en appel opposant le wali de Jijel au directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, et au chroniqueur Chawki Amari. Ainsi, après l'audience, qui s'est tenue le 26 février dernier, et après délibérations, la cour a confirmé le verdict rendu par le tribunal de Jijel, prononcé le 27 mai 2007 et condamnant les deux journalistes d'El Watan à une peine de deux mois de prison ferme et le versement solidairement de la somme d'un million de dinars au wali, représentant les dommages causés à la partie plaignante. Le wali avait, rappelons-le, déposé une plainte suite à la publication d'une chronique intitulée « Un bel été à Jijel », dans l'édition du 17 juin 2006. Après une condamnation par défaut à trois mois de prison ferme, en date du 24 décembre 2006, l'affaire avait été jugée le 6 mai 2007 au tribunal de Jijel, après l'introduction d'une opposition par l'auteur de la chronique et le directeur de la publication d'El Watan. A rappeler que dans le cadre de cette affaire, le ministère public avait requis, le 25 février dernier, à l'occasion du procès en appel, un an de prison ferme assorti d'une amende de 200 000 DA à l'encontre du directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, et le chroniqueur Chawki Amari. Les deux journalistes étaient défendus par maître Zoubeir Soudani. Ce dernier avait insisté, lors de ce procès en appel, sur le non-respect de la forme dans cette citation directe, sous peine d'irrecevabilité de la procédure édictée par l'article 337 bis du code de procédure pénale, notamment le versement entre les mains du greffier d'une consignation dont le montant est fixé par le procureur de la République et l'élection de domicile dans le ressort du tribunal saisi. La cour a ainsi interrompu l'audience pour aller délibérer sur cette demande de la défense, qui sera toutefois rejetée. Comme lors du procès du 6 mai 2007, le directeur d'El Watan reviendra sur la particularité du genre journalistique qu'est la chronique, qui est, dira-t-il, un style artistique tout comme la caricature, qui obéissent à une plus grande liberté. Allant dans le même sens, maître Soudani, qui relèvera que tout ce qui est artistique est excessif, insistera sur la bonne foi des journalistes. Il reviendra sur le caractère vicié de cette plainte et s'étonnera que le ministère public n'ait pas enquêté sur les faits, objet de la présente plainte, avant de rappeler les procès intentés par les ex-walis de Blida et d'El Tarf contre des journalistes avant d'être eux-mêmes incriminés.