C'est en ce lieu, désormais cadre des manifestations d'Alger capitale arabe pour les wilayas, et jusqu'à jeudi, que les visiteurs auront droit à l'univers de la bédouinité, celui des Ouled Naïl et celui plutôt ancré dans la rencontre entre la méditerranéité et l'intérieur du pays, entre ruralité et citadinité. Avoir l'objet des expositions, le contraste est frappant entre les deux wilayas, reflétant soit une diversité, soit une typicité culturelle liée à la géographie, la sociologie et l'histoire de chacune des deux régions, l'une steppique avec sa vocation pastorale sur ses grands espaces des Hauts-Plateaux et l'autre bordée par une façade maritime toute vouée à la pêche, à un tourisme en jachère et sur une terre couverte par le vignoble et la céréaliculture. Si les bijoux et les tenues vestimentaires sont caractéristiques d'un héritage culturel qui n'appartient qu'aux Ouled Naïl, à Témouchent, ils sont le produit d'une confluence de trois wilayas voisines – Oran, Sidi Bel Abbès et Tlemcen – mais aussi des apports sédimentés au fil des migrations saisonnières qu'agglutinait l'agriculture. La dichotomie est également frappante dans un folklore où chez les uns c'est le karkabou, le gnaoui, le alaoui et chez les autres la parade amoureuse entre couple dans une danse rythmée par une rangée de musiciens où la ghaïta, la gasba et le tbal se renvoient en écho. Ainsi, les Algérois ont en eu plein les yeux, plein les oreilles, des Algérois bon enfant avec leur « marhba bikoum » adressé à leurs hôtes dans leurs déambulations à travers les khéimate où l'art et l'artisanat locaux étaient exposés. Le plateau artistique témouchentois avait en prime les sonorités des cuivres, la trompette et le saxo. L'orchestre de wilaya magistralement drivé par Zenagui Bouhajla alignait les airs de variétés rythmiques, les entrelaçant harmonieusement pour refléter la multiplicité des musiques à la base de ce qui se chante localement. Après l'obligé et chaloupé Porépor de Bellemou, le père du raï moderne, les passages de la valse musette à la valse version moyen-orientale, selon la touche Mohammed Abdelwahab, succédaient au flamenco, au asri mâtiné de raï, le maghribi et à l'oranais des Blaoui et Wahbi. Avec l'orchestre de Djelfa, le costume-cravate de rigueur des Témouchentois céda la place aux amples gandouras et aux chechs. Les instruments, hormis un luth, les gasba et tbal s'alignaient pour soutenir les voix altières qui déclamèrent du chiîr el melhoun, alternant avec le puissant chant de « aye yay ». Clou du spectacle, un mariage naïli est reproduit sur scène avec sa mariée ayant pour diadème des plumes d'autruche, un diadème qui, semble-t-il, distinguait dans la coutume ancestrale entre femmes de l'aristocratie féodale de celle de la plèbe.