Témoignages n Plusieurs versions circulent sur l'origine de la dynastie des Ouled Naïl, qui a atteint les huit millions d'individus. En voici deux rapportées par les Français. Sidi Naïl, de son vrai nom Mohamed Ben Abdellah el-Kherchoufi, naquit à Saqiet El-Hamra. Quand il fut en âge, il partit en quête de science, de sagesse et de fortune. Il arriva d'abord à Miliana où il suivit l'enseignement de Sidi Ahmed Benyoucef, homme vénéré qui jouissait d'un grand renom. Il y resta quelques années et fut un élève modèle. Le cheikh voulut éprouver ses élèves ; il leur annonça que, sur une révélation particulière, il allait immoler ceux d'entre eux qui accepteraient de faire le sacrifice de leur personne. La plupart des élèves s'esquivèrent ; il n'en resta que sept, parmi eux Sidi Naïl. Sidi Ahmed Benyoucef lui donna sa bénédiction : «Tu seras saint et protecteur. Tes enfants auront le ciel comme couche et comme couvert. De visages doux et ils mèneront les hommes comme on mène des moutons.» A la suite de quoi, Mohamed Ben Abdellah fut surnommé Naïl, parce qu'il avait obtenu — nala en arabe — cette bénédiction. Les six autres ont laissé des descendants qu'on appelle les Madabih. Sidi Naïl se rendit alors près d'Alger, où il vécut en solitaire. Sidi Ahmed Benyoucef le rappela et lui enjoignit d'aller vers le Sud, «dans la montagne des ledmi et des mouflons, au pays des autruches et des gazelles». Obéissant, Sidi Naïl atteignit la région de Aïn Rich. On note qu'ayant beaucoup de visiteurs, il marqua sa tente de rouge pour éviter que ses voisins ne fussent importunés. C'est pour cette raison que, depuis, les Ouled Naïl ont une tente à bandes rouges. Il est enterré en un lieu qu'on appelle Jebbanat es-Sobyane (cimetière des petits enfants). Cette version est rapportée par F. de Villaret, père blanc, en 1995. La seconde, que nous vous livrons, est parvenue jusqu'à nous grâce à Arnaud, interprète militaire en 1872. Sidi Naïl naquit à Figuig (Maroc), il était gouverneur de Saquiet el-Hamra. La guerre déclarée entre Tunis et Rabat, fit qu'il suivit son maître en qualité de premier lieutenant. Après la défaite, il réunit les quelques rescapés de l'armée et il se retira à Mendas, dans le Djebel Flita. Ses nombreux parents et amis ne tardèrent pas à le rejoindre avec femmes et enfants. Après un désaccord avec la population locale, il suivit longtemps la direction du sud. Il s'arrêta un instant à El-Atba, près de Aïn Rich, à la limite des régions de Djelfa et Bou Saâda. Les tribus installées avant lui dans cette contrée ne firent aucune opposition à son établissement près d'elles. Sidi Naïl se rendit ensuite dans les environs d'Aumale (Sour el-Ghozlane), à la recherche d'un pays plus riche. Il examinait la vallée de l'oued El-Leham lorsque la mort vint le frapper. Il fut enterré au bord de cette rivière ; l'endroit est appelé depuis Hamadat Sidi Naïl (plateau pierreux de Sidi Naïl).