Aucun candidat aux législatives, ni un quelconque membre de ce qui porte le nom de société civile ne s'en est ému. Pourtant, le fameux projet de zone industrielle de Sonatrach, un projet à l'origine d'inespérées perspectives en matière d'emploi et de développement, s'est transformé en source de toutes les craintes. Ce sont les opérateurs touristiques et des cadres des administrations concernées (DSA, tourisme, domaines, environnement) qui s'alarment quant aux conséquences qu'entraînera l'implantation d'un pôle industriel sur le littoral témouchentois. A cet égard, le silence sur cette question accuse d'autant de relief que chacune des personnes interrogées a requis l'anonymat. A la direction de l'Energie, le principal responsable s'en tient à un rigoureux motus et bouche cousue. Il assure même qu'il ne sait rien. D'autres interlocuteurs, par contre, remarquent : « Sonatrach est en train de décider sans rien dévoiler de ses projets pour la région et sans que la population sache de quoi il retourne. Rien, hormis ce qui a été miroité, c'est à dire 6 000 emplois à la clé et les mirobolantes retombées financières pour les budgets des collectivités locales. Mais au départ, il était question d'une zone industrielle située sur des terres à faible potentialité agricole, or il se trouve aujourd'hui que le site a été déplacé sur une zone très fertile, cela semble-t-il pour amoindrir les coûts de réalisation. Mais ce faisant, cette baisse de coûts va se faire par une exorbitante perte au détriment de l'agriculture, soit 3 800 ha. Pis, on ne connaît même pas les limites exactes de la superficie choisie. » Du côté des opérateurs touristiques, on s'interroge sur l'opportunité de l'implantation d'une zone industrielle en bord de mer : « Le littoral témouchentois est tout de même le deuxième au plan national après celui de la côté jijellienne à demeurer à l'état naturel. Il va à coup sûr en pâtir. En conséquence, il y a lieu de craindre que la région ne se transforme en un deuxième Skikda par ses aspects négatifs. Alors, au lieu d'un tiens maintenant, soit 6 000 emplois, pourquoi ne pas opter pour un deux tu auras, c'est-à-dire l'agriculture et les retombées du tourisme à l'avenir, avec en prime l'absence de pollution. » D'autres s'appesantissent sur cette dernière question : « Il est vrai que du côté de Sonatrach, on assure qu'il n'y aura pas d'impacts négatifs pour l'environnement, mais peut-on le croire ? Regardez la cimenterie de Béni-Saf et les promesses qui ont été faites après le partenariat avec un Saoudien relativement à l'environnement et à l'augmentation de la production. Si pour cette dernière la production a été à la hausse de façon vertigineuse, la pollution atmosphérique l'a été également. Quant à l'usine de détergents avec les Allemands, à Chabat El Laham, il n'y a que leurs analyses pour certifier que les rejets liquides et atmosphériques ne sont pas dangeureux. Alors, avec le projet d'aluminerie en partenariat avec les Emiratis, il y a à craindre ». Du côté de la direction de l'Environnement, on se tient au devoir de réserve. L'on sait cependant que cette institution a opposé son veto, obligée qu'elle est de s'en tenir à la réglementation qui interdit l'implantation d'usines sur la zone littorale dans un rayon de 3 km. « Aujourd'hui, il y a une loi que l'on piétine allégrement. Raison de plus pour avoir vraiment peur », conclut notre dernier interlocuteur.